comptes rendus des séances et mémoires de la société de biologie ...

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saillir l'œil et dilater la pupille, même du côté où elle était déjà assez
largement ouverte. Mais ce ne sont pas là les phénomènes les plus cu-
rieux qui furent observés.
A tous les instants de cette longue expérience, on remarqua qu'en
excitant par l'électricité le bout central du sciatique, on avait immé-
diatement un jet durine; le même effet arriva avec le nerf médian et
même avec le nerf sous-orbitaire, mais non avec le pneumogastrique,
le sympathique au cou ni les nerfs de l'intestin. Cette curieuse action
réflexe permettra sans doute de déterminer avec certitude l'origine
inlra-médullaire des nerfs moteurs de la vessie, et de voir si cet or-
gane ne reçoit pas des filets ayant leur centre moteur hors de la moelle
épinière.
Quant à la conclusion à tirer de ces faits, sous le rapport de l'action du
curare sur les nerfs de la vie organique, M. P. Bert pense qu'elle peut
être formulée ainsi : L'action du curare ne peut jamais, chez les mammi-
fères, être poussée à un point tel que l'application de l'excitant élec-
trique sur le nerf lui-même, de même que son excitation par voie ré-
flexe, ne produise plus les effets ordinaires sur le muscle auquel il se
rend. Ce n'est pas à dire que le curare n'agisse pas sur les nerfs vis-
céraux : les expériences de MM. Voisin et Liouville mettent le fait
contraire hors de doute; seulement son action n'a jamais une énergie
anniliilanle comme sur les nerfs de la vie de relation.
M. P. Bert fait remarquer que le chien, sujet de l'expérience, n'a ja-
mais fait mine de revenir à la vie ; ses nerfs moteurs sont devenus ra-
pidement inexcitables. Après dix heures de respiration artificielle, il
semblait, malgré les battements du cœur conservés, plus près de la
mort que jamais. On laissa l'appareil à respiration artificielle marcher
pendant toute la nuit; mais on ne peut affirmer qu'il n'y ait pas eu
d'interruption : tant il y a que, le lendemain, l'animal était mort. Au
reste, on n'avait pas pris de précaution pour réchauffer et humecter
l'air insufflé, dont la température était d'environ 12°.
Il ne faudrait pas croire que l'empoisonnement par le curare puisse
toujours être efficacement combattu par la respiration artificielle. M. P.
Bert n'a jamais vu revenir à la vie des animaux qui avaient reçu plus
du double de la dose mortelle; quand la respiration artificielle n'avait
pas produit son effet au bout de deux ou trois heures, il n'a jamais eu
de résultat heureux en la continuant plus longtemps.
L'urine a donné ensuite des quantités considérables de glycose. La
salive, visqueuse, recueillie, a même précipité légèrement, mais d'une
façon évidente, un bon réactif cupro-potassique. Ce fait a de l'intérêt,
si on le rapproche de la sensation sucrée éprouvée par certains dia-
bétiques.