comptes rendus des séances et mémoires de la société de biologie ...

56
J'y suis cependant enfin parvenu, et je présente à la Société des tra-
cés qui montrent la manière dont se manifeste la contractilité pulmonaire.
Pour les obtenir, j'extrais rapidement de la poitrine les poumons
d'un chien de grande taille qui vient d'être tué; je les adapte directement
à l'aide d'un tube trachéal et d'un petit tube de caoutchouc, avec
un levier enregistreur très-sensible. L'œsophage et le cœur sont enle-
vés, les pneumogastriques conservés, les poumons presque complètement
affaissés.
Un courant induit de moyenne intensité étant alors porté, par l'in-
termédiaire de larges surfaces métalliques, de la trachée à là base du
poumon, on voit le levier se mettre en marche et décrire une courbe à
ascension lente et progressive; puis il reste en équilibre, et lorsqu'on
cesse la galvanisation, il revient tout aussi lentement à son point de
départ. Entre le moment où a été appliqué le courant et celui où le le-
vier est impressionné, il s'écoule un temps assez long, environ deux
secondes; il en est à peu près de même pour la descente du levier.
L'excitation instantanée du poumon donne des courbes analogues. Je
n'ai pas cherché à obtenir une estimation exacte; mais ce que je vous
montre suffit à caractériser parfaitement les contractions lentes et du-
rables des muscles lisses.
Après quelques minutes de repos, je porte l'excitant, non plus sur le
tissu pulmonaire, mais sur le nerf pneumogastrique lui-même, bien
isolé au préalable; iciTexcitation est instantanée. Or, nous obtenons la
même ascension lente, le même temps de repos, la même chute lente
du levier.
Les tracés graphiques enlèvent donc toute espèce de doute; ils em-
portent avec eux la preuve écrite que la contractilité pulmonaire existe,
qu'elle peut être mise en jeu par l'excitation électrique du poumon,
qu'elle est sous la dépendance des nerfs pneumogastriques.
Ils montrent encore que cette contractilité, dans ses lentes et dura-
bles manifestations, ne peut avoir aucun rapport direct avec les rapides
mouvements de l'expiration.
Séance du 23 mai.
M. JoLYET communique une expérience relative à l'action du chloro-
forme. Il a mis une grenouille dans une cloche avec une petite éponge
imbibée de chloroforme jusqu'à insensibilité complète de l'animal. Puis,
en employant les divers excitants mécaniques ou chimiques, il a noté
une absence absolue de réaction.
En mettant le cœur à découvert, on constate qu'il bat régulièrement,
mais plus lentement.