comptes rendus des séances et mémoires de la société de biologie ...

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lavaient le sol de la maison. Interrogées sur cette particularité, elles
me répondirent que cela provenait de l'amole dont elles se servaient
pour cette opération. On nomme amole une plante de la famille des
Jiliacées, que je trouve indiquée sous le nom d'Agavi mexicana dans une
liste inédite des plantes de Guadalajara, par le docteur Don Leonardo
Oliva. Curieux de savoir à quoi m'en tenir sur la cause de cette action
irritante de la racine, je m'en frottai les mains et je ne tardai pas à
éprouver un sentiment d'urtication assez prononcé pour niobliger à
me laver au plus vite avec de l'eau froide.
La manière d'employer l'amole est très-simple : on le râpe au moyen
d'une plaque en fer-blanc percée de trous comme nos râpes à sucre ;
on délaye dans une grande quantité d'eau cette râpure molle, et avec
une sorte de petit balai très-court, fait de fibres d'agave americana ou
peut-être de furcrœa foetida on frotte fortement le sol arrosé de cette
eau qui ne tarde pas à mousser et nettoie parfaitement; on achève le
lavage avec de l'eau pure. On en lave aussi la vaisselle et quelquefois
le linge, qui, surtout chez les enfants, peut déterminer l'éruption dont
j'ai parlé.
J'examinai au microscope une tranche mince de racine d'amole fraî-
che comme celle que j'ai l'honneur de présenter à la Société, et que
j'ai rapportée du Mexique, où je l'ai prise venant du marché il y a plus
de trois mois. Au milieu de cellules polygonales larges et abondamment
pourvues de gr-^.ins de fécule, je ne tardai pas à découvrir des faisceaux
de rhaphides cristallines pareils à ceux qu'on retrouve dans le rhizome
du gouet commun ; je ne pus déterminer leur composition chimique,
mais je leur attribuai immédiatement les érythèmes en question. Ce qui
me fortifia dans mon opinion fut une autre observation sur les agaves
(maguey) si communs au Mexique; en effet, le suc de ces plantes pro-
duisant le même résultat que celui de l'amole, j'examinai leur tissu au
microscope, et je le trouvai rempli des mêmes aiguilles cristallines tel-
lement déliées que je ne pus en saisir la forme géométrique, même avec
un grossissement de près de 480 diamètres : il y aurait peut-être là un
nouveau rubéfiant à étudier. En plus de ces cristaux l'amole contient
de petits corps fusiformes.
Puisque je parle de cette propriété de l'agave, j'en citerai une autre
non moins remarquable et qui se lie peut-être à l'existence des rha-
phides : c'est l'action énergique qu'ont les feuilles d'agave sur les plaies.
J'en citerai un exemple : ayant essayé inutilement chez un vieillard atteint
d'un ulcère chronique à la jambe tous les moyens possibles de raviver
cette plaie pour l'amener à cicatrisation, j'employai la feuille d'agave
écrasée sous forme de cataplasme, j'y ajoutai ensuite de la pulpe de
zabida (aloe variegata), et au bout de peu de jours la plaie blafarde