Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Jeu de ping-pong à la frontière Grèce-Turquie<br />
(jugement Abdokhani et Karimnia) et le 19<br />
janvier 2010 (jugement Z. N. S.) 8 . L’aaire<br />
Abdokhani et Karimnia concernait la détention<br />
de ces deux Iraniens, privés d’accès à la<br />
procédure d’asile et risquant d’être déportés<br />
en Iran. La Cour a condamné la Turquie non<br />
seulement sur l’impossibilité faite à une personne<br />
en détention d’avoir accès à la demande<br />
d’asile 9 , mais aussi sur l’absence de recours<br />
légal contre la décision administrative de placement<br />
en détention et/ou lorsqu’il y a un risque<br />
de déportation.<br />
Le centre de Kirklareli. <strong>Migreurop</strong> a pu se<br />
rendre en mars 2009 au centre de détention<br />
de Kirklareli, situé à proximité de la frontière<br />
avec la Bulgarie 10 grâce à une autorisation du<br />
ministère turc de l’Intérieur. L’accès au locaux<br />
n’a pas été autorisé, mais des entretiens<br />
ont été réalisés avec le directeur du centre<br />
et le directeur du bureau des étrangers de<br />
Kirklareli, ainsi qu’avec des détenus dans<br />
le poste de police. Les quatorze personnes<br />
rencontrées nous ont raconté les conditions<br />
terribles dans lesquelles elles vivent : vétusté<br />
des lieux, chauffage qui ne fonctionne<br />
qu’occasionnellement, eau non potable,<br />
nourriture non appropriée. Certains se sont<br />
plaints de l’incompétence du médecin, de<br />
ses prescriptions mauvaises ou absentes, et<br />
même de violences sur migrants. L’absence<br />
d’information est totale quant à leurs droits<br />
et quant à leur date de sortie. Des mineurs<br />
sont détenus, malgré les dénégations des<br />
autorités ainsi que des familles.<br />
En Grèce, le cadre légal définissant la<br />
gestion de la détention reste largement indéterminé<br />
: bien que la surveillance soit assurée<br />
par la police, la direction de ces centres<br />
7. http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/view.asp?action=htm<br />
l&documentId=854351&portal=hbkm&source=external<br />
bydocnumber&tabl<br />
8. www.unhcr.org/refworld/country,,,,TUR,4562d8b62,<br />
4b56d5cf2,0.html<br />
9. Sur la procédure d’asile en Turquie, cf. <strong>Migreurop</strong>, Les<br />
frontières…, op. cit.<br />
10. Pour des informations sur l’histoire du centre de<br />
détention de Kirklareli : http://emi-cfd.com/echangespartenariats6/spip.php?article29<br />
ne dépend pas d’un organisme précis. Leur<br />
fonctionnement est nancé par le ministère<br />
de l’Intérieur et assuré par l’intermédiaire des<br />
préfectures. La loi n° 3386 du 24 août 2005<br />
prévoit la création, aux frontières du pays, de<br />
centres dits « zones de permis spéciaux pour<br />
des étrangers ».<br />
Nos observations nous ont permis de<br />
constater que la durée de détention des<br />
migrants en situation irrégulière varie de<br />
façon aléatoire, en fonction de la capacité<br />
d’accueil des sites. La durée moyenne est de<br />
22 jours, la longueur maximale étant fixée<br />
par la loi 3386/2005 à trois mois [art. 76].<br />
Les prochaines modications de cette loi prévoient<br />
un délai maximum de six mois. Dans<br />
le cas d’un refus de coopérer du migrant ou<br />
d’une impossibilité à obtenir les documents<br />
nécessaires pour l’expulsion, la période de<br />
détention peut être prolongée jusqu’à douze<br />
mois 11 .<br />
Les locaux de détention à la frontière terrestre<br />
12 (départements d’Evros et de Rhodope)<br />
peuvent prendre trois formes distinctes :<br />
– les centres de détention sous le contrôle<br />
de la police mais dont les frais de fonctionnement<br />
sont pris en charge par le département<br />
;<br />
– les lieux de détention qui se trouvent au<br />
sein des commissariats de la police aux frontières<br />
;<br />
– les maisons d’arrêt sous le contrôle de la<br />
police aux frontières.<br />
Les centres de détention à la frontière<br />
maritime, comme à la frontière terrestre,<br />
11. Pour plus d’informations : http://combatsdroitshomme.<br />
blog.lemonde.fr/2009/07/13/legislation-grecque-surlimmigration-xenophobie-nest-il-pas-un-mot-grec-parhronis-poniopoulos<br />
12. L’accès nous a été refusé après notre demande au<br />
ministère de la Protection du citoyen. Les descriptions des<br />
centres de la région frontalière terrestre avec la Turquie<br />
proviennent du rapport de la Ligue grecque pour les droits<br />
de l’homme : Les centres de rétention pour des migrants<br />
en situation irrégulière à Rhodope et Evros, essalonique,<br />
11/12/2009.