Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Mers ionienne et<br />
adriatique : retours forcés<br />
entre Italie et Grèce<br />
La frontière maritime entre la Grèce et<br />
l’Italie est devenue ces dernières années un lieu<br />
privilégié si l’on veut comprendre les nouvelles<br />
trajectoires des migrants et les politiques de<br />
contrôle de leur mobilité menées en Europe.<br />
Depuis la consolidation des accords Italie-<br />
Libye et la pratique des refoulements en mer<br />
au sud de Lampedusa, de nombreux migrants,<br />
qui auparavant auraient traversé la Libye pour<br />
rejoindre les côtes siciliennes, tentent maintenant<br />
d’entrer en Europe en passant par la<br />
Grèce, et de là rejoignent l’Italie. Des réfugiés<br />
de la corne de l’Afrique se dirigent actuellement<br />
vers l’est par le golfe d’Aden, et passent<br />
par la Grèce vers les ports de l’Adriatique. La<br />
fermeture de la frontière entre le Maroc et<br />
l’Espagne a renforcé ce ux.<br />
Une nouvelle route<br />
migratoire aux portes de<br />
l’Europe<br />
Dans la région, le nombre de demandeurs<br />
d’asile potentiels est très élevé, et ceux qui<br />
cherchent à traverser clandestinement la frontière<br />
gréco-italienne constituent la principale<br />
catégorie touchée par le durcissement des lois<br />
et les accords bilatéraux signés par les Etats<br />
membres. Modifiant leurs trajectoires pour<br />
échapper aux dispositifs de contrôle, ils s’ajoutent<br />
à ceux qui prennent traditionnellement<br />
la route de la Grèce pour rejoindre le territoire<br />
européen : Afghans, Irakiens et Indiens,<br />
notamment.<br />
Au cours des années 2000, le nombre de<br />
demandes d’asile en Grèce n’a cessé d’augmenter,<br />
et il a presque quintuplé de 2004<br />
(4 469 demandes) à 2007 (25 113 demandes).<br />
Comme la Grèce n’a pas réussi à développer<br />
une politique d’expulsion et de reconduite<br />
vers la Turquie (ainsi que l’a fait l’Espagne avec<br />
le Maroc ou l’Italie avec la Libye et la Tunisie),<br />
la route gréco-italienne reste la seule à peu près<br />
praticable pour les candidats à la migration<br />
vers l’Europe.<br />
Car la Grèce n’est pour la majorité d’entre<br />
eux qu’un lieu de transit à quitter le plus tôt<br />
possible. « Ce n’est pas l’Union européenne »,<br />
répètent ceux qui sont interpellés sur le territoire<br />
grec. Leurs conditions de vie semblent<br />
en eet les pires de toute l’Union européenne<br />
(UE) : contraints à la clandestinité, ils font<br />
souvent l’objet de violences et sont soumis à<br />
la détention arbitraire ; en violation de la loi,<br />
ils sont parfois rapatriés vers les pays d’où ils se<br />
sont enfuis ou par lesquels ils ont seulement<br />
transité, comme la Turquie ou l’Afghanistan.<br />
Moins de 1% des demandes de protection<br />
sont accordées (0,3% sur 5 000 demandes<br />
en 2007), et tant la convention de Genève de<br />
1951 sur la protection des droits des réfugiés<br />
que les directives communautaires en matière<br />
d’asile et de protection internationale ne sont<br />
pas respectées 1 .<br />
1. Report by omas Hammarberg, Council of Europe<br />
Commissioner for Human Rights, following his visit to<br />
Greece, 8-10 December 2008, Strasbourg, 4/02/2009 ;<br />
voir aussi K. Kopp (directeur des affaires européennes<br />
de Pro Asyl), The situation in Greece is out of control,<br />
Research into the situation of asylum seekers in Greece, 20-<br />
28/10/2008.<br />
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