Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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ement à Ceuta. Pendant une heure, alors que<br />
la vie du Sénégalais était en jeu, aucune ambulance<br />
n’a pu accéder au lieu du drame par le<br />
point de passage de contrôle de Benzú.<br />
En janvier 2009, le Comité contre la torture<br />
des Nations unies a accepté une requête<br />
concernant la mort du migrant sénégalais Lauding<br />
Sonko, mort lors de sa tentative d’entrer<br />
à Ceuta par la nage avec trois migrants d’Afrique<br />
subsaharienne. La requête, présentée par<br />
la famille, a été refusée par l’Audiencia provincial<br />
(tribunal régional) de Cadix à Ceuta. Le<br />
Comité contre la torture a demandé l’ouverture<br />
d’une enquête pour éclaircir le rôle du<br />
gouvernement et plus particulièrement de la<br />
délégation du gouvernement à Ceuta, et ainsi<br />
examiner leur responsabilité dans cette aaire.<br />
La requête signale qu’avant sa mort Sonko se<br />
trouvait dans une navette de la Guardia civil.<br />
La famille de Sonko accuse les trois agents de<br />
la Guardia civil de non assistance à personne<br />
en danger.<br />
Arrestations et envoi vers la péninsule<br />
Quand les migrants parviennent à Ceuta,<br />
ils sont soit placés à l’intérieur du CETI, soit<br />
détenus dans la ville même, dans l’attente<br />
de leur transfert dans un centre de rétention<br />
de la péninsule, dans la perspective de leur<br />
expulsion.<br />
Les conditions de vie dans le CETI sont<br />
inhumaines. Habituellement, les expulsions<br />
se déroulent la nuit pour éviter que les<br />
migrants ne soient prévenus et ne s’échappent,<br />
les policiers pénétrant dans les chambres<br />
pour arrêter les détenus. Généralement, ils<br />
sont rassemblés par groupes de vingt ou trente<br />
personnes. Une seconde technique utilisée<br />
par la police consiste à patrouiller autour du<br />
CETI et à contrôler systématiquement l’identité<br />
des passants an de compléter le groupe<br />
sélectionné pour l’expulsion. Actuellement,<br />
la communauté nigériane est la plus touchée<br />
par les expulsions en raison de l’accord signé<br />
récemment entre l’Espagne et le Nigeria. Cet<br />
accord prévoit que l’Espagne achète du gaz et<br />
du pétrole au Nigeria, qui accepte en contrepartie<br />
de réadmettre ses nationaux. Ainsi, le<br />
30 juillet 2009, la police a arrêté trente-deux<br />
Nigérians qui vivaient dans le CETI, dont<br />
trois femmes, pour les expulser via le centre<br />
de rétention de Malaga. A nouveau, le 9<br />
décembre, la police a arrêté douze Nigérians<br />
dans le CETI, dont cinq femmes enceintes,<br />
pour procéder à leur expulsion. Six Nigérians<br />
qui allaient être arrêtés au cours de la même<br />
opération sont parvenus à fuir vers la forêt ;<br />
l’un d’eux s’est cassé une jambe.<br />
Une fois arrêtés, les migrants sont conduits<br />
au commissariat, où la police peut les garder<br />
un maximum de 72 heures. Durant ce délai,<br />
c’est un juge d’instruction qui peut prendre<br />
la décision des les envoyer dans un centre de<br />
rétention de la péninsule. Leur séjour dans ce<br />
centre a pour objectif de contacter l’ambassade<br />
de leurs pays respectifs an d’y être expulsés.<br />
La nouvelle loi sur le statut des étrangers<br />
a augmenté la durée de rétention de quarante<br />
à soixante jours. S’ils ne sont pas expulsés, à la<br />
n de cette durée de rétention, ils sont remis<br />
en liberté, sans aucun document, et restent<br />
donc en situation irrégulière.<br />
Vivre dans la forêt pour ne pas être pris<br />
Quand je suis entré à Ceuta, je pensais que<br />
le cauchemar était ni. Malheureusement, je me<br />
suis rendu compte que cela ne serait pas facile.<br />
J’ai commencé mon séjour au CETI en avril<br />
2008. Le président de la communauté hindoue<br />
à Ceuta, Ramesh Chandarmani, s’est entretenu<br />
avec la délégation du gouvernement de Ceuta<br />
et nous a dit qu’ils allaient nous expulser en<br />
Inde. Comme nous ne voulions pas retourner<br />
dans notre pays après tant de sourances, tant<br />
de temps et d’argent dépensés, le 7 avril tous<br />
les Indiens qui vivaient dans le centre d’hébergement<br />
ont décidé de sortir pour tenter de fuir.<br />
Aujourd’hui, cela fait dix mois que nous vivons<br />
dans la forêt de Ceuta dans des conditions très<br />
dures : le froid, les pluies en hiver, le vent, le<br />
manque d’eau, de nourriture et de médicaments<br />
et enfin la peur constante d’être expulsés. De<br />
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