Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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I - Suite d’obstacles<br />
à la migration<br />
Les migrations ont transformé le trafic<br />
maritime entre la Grèce et les ports italiens<br />
de l’Adriatique. Beaucoup de conducteurs de<br />
transports routiers internationaux (TIR) ont<br />
la hantise que des migrants soient cachés à<br />
bord de leur véhicule. D’autres ont une stratégie<br />
de complicité avec les réseaux de passeurs.<br />
Parallèlement, les membres des équipages<br />
des bateaux sont contraints de prêter<br />
assistance aux contrôles des forces de police,<br />
voire de les eectuer.<br />
Tous les ports des deux rives ont été militarisés<br />
: hauts grillages, postes de contrôle,<br />
scanners pour les poids lourds. Le nombre<br />
de policiers préposés au contrôle des véhicules<br />
sur les ferries, au départ de la Grèce ou à<br />
l’arrivée en Italie, a augmenté. Cela s’est produit<br />
alors qu’il s’agit d’une frontière intérieure<br />
de l’espace Schengen, de ce fait soumise<br />
au règlement 562, qui distingue son régime<br />
de contrôle de celui des frontières externes et<br />
précise que « les frontières internes peuvent<br />
être traversées en n’importe quel point sans<br />
que soit eectué de vérication sur les personnes,<br />
quelle que soit leur nationalité » (art.<br />
20) ; il est certes précisé que cela n’empêche<br />
pas « l’exercice de la compétence de la police<br />
faisant autorité dans les Etats membres en<br />
vertu du droit national », mais c’est « dans la<br />
mesure où l’exercice de ces compétences n’a<br />
pas un eet équivalent à celui des vérications<br />
aux frontières ». Pour cette raison, des<br />
contrôles aux frontières internes à l’espace<br />
Schengen peuvent être eectués seulement,<br />
par exemple, s’il y a « d’éventuelles menaces<br />
pour la sécurité publique » ou « sur la<br />
base de vérications réalisées à l’improviste »<br />
(art. 21). Or, dans les ports italiens ou grecs<br />
comme à bord des bateaux, le système de<br />
contrôle est le même que celui mis en place<br />
aux frontières externes de l’UE, et les perquisitions<br />
eectuées sur les poids lourds en tran-<br />
sit sont bien plus que de simples contrôles « à<br />
l’improviste ».<br />
La forte présence policière dans les ports,<br />
loin de freiner la mobilité « irrégulière », a<br />
de fait suscité une stratégie de passage, tout<br />
en favorisant la corruption. Jusqu’à présent,<br />
la possibilité de rejoindre l’Italie à l’intérieur<br />
d’un poids lourd au départ de Grèce dépendait<br />
surtout de l’habileté des migrants : cumul<br />
des savoirs, expériences et techniques pour<br />
éviter les contrôles de police. Au cours de ces<br />
deux dernières années, le nombre de ceux qui<br />
partent directement d’Athènes semble avoir<br />
augmenté. Le coût d’un billet vers un pays de<br />
l’UE (hormis l’Italie, perçue elle aussi comme<br />
une zone de transit) s’élève à 3 000 euros, et<br />
les transporteurs internationaux ne partent<br />
d’Athènes qu’après avoir rassemblé quelques<br />
dizaines de migrants qui resteront enfermés<br />
dans le camion ou le container jusqu’à l’arrivée.<br />
La complicité du conducteur est nécessaire,<br />
ainsi que souvent celle de la police<br />
portuaire. Autre stratégie : faire voyager des<br />
familles entières (afghanes et surtout kurdes),<br />
dans des voitures volées avec de faux papiers.<br />
Ce sont les plus pauvres et les plus isolés,<br />
souvent des mineurs, qui continuent à partir<br />
des villes portuaires grecques, en se cachant<br />
sous ou à l’intérieur des TIR à l’insu des<br />
chaueurs ; courant de grands risques, ils sont<br />
le plus souvent découverts, arrêtés et refoulés.<br />
1. Les contrôles en Grèce<br />
La politique nationale d’immigration est<br />
celle de la « tolérance zéro » : surveillance renforcée<br />
des entrées par voie terrestre à la frontière<br />
gréco-turque et blocage des sorties par<br />
voie aérienne ou maritime. Patras et Igoumenitsa<br />
sont, avec l’aéroport d’Athènes, parmi<br />
les principales portes de sortie du pays.<br />
Les systèmes de contrôle et de blocage<br />
ont évolué vers une forte militarisation des<br />
ports, qui va de pair avec le renforcement des<br />
patrouilles de police dans les zones portuaires<br />
et sur les lieux de réunion des migrants<br />
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