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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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police portuaire d’Igoumenitsa déclarait en<br />

mars 2010, lors d’une interview à l’association<br />

Melting Pot, que dans la procédure menée<br />

par la police italienne, il est souvent dicile<br />

de distinguer entre « réadmissions » – terme<br />

utilisé dans les actes des procès-verbaux remis<br />

aux commandants de bateau – et « rejets ».<br />

Il est vrai que les autorités italiennes se<br />

montrent désormais plus prudentes quant à<br />

ces rejets. Après une première période durant<br />

laquelle les autorités portuaires et la police des<br />

frontières des ports adriatiques déclaraient<br />

presque quotidiennement avoir « expulsé des<br />

clandestins » venus de Grèce, on observe un<br />

changement tant dans le langage que dans la<br />

quantité des informations rendues publiques.<br />

En 2008, à la suite du travail de recueil de<br />

procès-verbaux eectué par le réseau vénitien<br />

Tuttiidirittiumanipertutti 8 , un recours devant<br />

la Cour européenne de Strasbourg contre<br />

l’Italie et la Grèce a mis officiellement en<br />

accusation la procédure des rejets. De nombreuses<br />

associations se sont exprimées dans<br />

des articles et des émissions de télévision très<br />

critiques sur l’action de la police des frontières<br />

dans les ports de l’Adriatique. Mais il est<br />

en conséquence devenu par la suite beaucoup<br />

plus difficile d’obtenir des données fiables<br />

sur les refoulements. C’est pourquoi, si l’on<br />

veut comprendre ce qui se passe dans les ports<br />

italiens de l’Adriatique, il est devenu paradoxalement<br />

nécessaire de retourner en Grèce<br />

pour chercher des preuves, questionner la<br />

police grecque et interviewer les centaines de<br />

migrants expulsés d’Italie.<br />

2. Le port de Venise :<br />

renvois collectifs<br />

Selon un communiqué de presse de l’autorité<br />

portuaire de Venise, 850 « clandestins »<br />

auraient été refoulés de janvier à août 2008.<br />

Même si l’on ne dispose pas de données ocielles<br />

pour 2009, on peut supposer qu’une<br />

8. Littéralement (en un seul mot) réseau « Tous les droits<br />

humains pour tous ».<br />

bonne partie des 3 148 personnes qui, selon<br />

la police portuaire d’Igoumenitsa, ont été<br />

expulsées des ports italiens de l’Adriatique<br />

en 2009, ont été interceptées à Venise et renvoyées<br />

à bord des bateaux sur lesquels elles<br />

étaient arrivées. Pour les années précédentes, il<br />

apparaît que le nombre de mineurs accueillis<br />

à la frontière a augmenté, même sans l’intervention<br />

directe du CIR. L’hypothèse que les<br />

refoulements continuent est confortée par les<br />

dizaines d’interviews recueillies par la rédaction<br />

de Melting Pot Europe durant sa dernière<br />

mission en Grèce en mars 2010, ainsi que par<br />

des données ocielles.<br />

La police portuaire d’Igoumenitsa (en la<br />

personne de Varelas Anastasios, second ocier),<br />

dans une interview donnée à Melting<br />

Pot le 12 mars, mentionne un procès-verbal<br />

du 6 mars qui enregistre l’arrivée au port de<br />

30 personnes expulsées de Venise. Le 5 mars,<br />

plusieurs dizaines de migrants avaient été<br />

découverts à l’intérieur d’un conteneur par la<br />

police portuaire vénitienne à l’arrivée du ferry<br />

Europa Pallas, qui avait quitté Igoumenitsa le<br />

4 mars, et immédiatement réembarqués sur le<br />

même navire pour être rapatriés.<br />

Quelques jours après la diusion de cette<br />

nouvelle sur le site de Melting Pot, un communiqué<br />

de presse du CIR déclarait :<br />

À la suite des reportages publiés sur Melting<br />

Pot le doute subsiste quant au nombre de réadmissions<br />

vers la Grèce ; il est conrmé qu’entre<br />

le 5 et 6 mars 30 personnes venant du port de<br />

Venise ont été rapatriées (irakiens, palestiniens,<br />

afghans, somaliens, syriens et érythréens), comme<br />

l’attesteraient des documents de la police des frontières<br />

d’Igoumenitsa.<br />

Le 6 mars la police d’Igoumenitsa enregistrait<br />

leur réadmission en Grèce, mais que s’est-il<br />

passé la veille à Venise ? Le 5 mars, vers 12h45,<br />

l’agent du CIR a été contacté par la police des<br />

frontières, des personnes ayant été trouvées à bord<br />

d’un camion débarqué du ferry arrivé de Grèce le<br />

matin à la gare maritime, dont certaines avaient<br />

été conduites à l’hôpital pour examen.<br />

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