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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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une liste d’associations, mais ils ne savent pas<br />

laquelle appeler ni quel type d’aide on pourrait<br />

leur apporter.<br />

En Roumanie, le règlement intérieur du<br />

centre d’Otopeni est pour l’instant distribué<br />

uniquement en roumain ; par contre,<br />

les documents procéduraux sont traduits au<br />

moins en anglais ou en français (mais non<br />

dans la langue maternelle de l’étranger). En<br />

Pologne, les détenus reçoivent leur décision<br />

d’éloignement et les voies de recours en polonais<br />

et n’ont souvent aucune information sur<br />

le déroulement de leur renvoi dans une langue<br />

qu’ils comprennent. Le manque d’information,<br />

barrière inacceptable à l’exercice de<br />

leurs droits, notamment du droit de recours,<br />

crée chez eux un sentiment d’impuissance<br />

et d’incompréhension, qui rend la rétention<br />

encore plus insupportable.<br />

2. Les Cada : isolement<br />

des demandeurs d’asile<br />

Il y a 19 centres d’accueil pour demandeurs<br />

d’asile (Cada) en Pologne, et 5 en Roumanie.<br />

Ils se trouvent en général à l’écart des<br />

villes, an d’éviter les tensions avec la population<br />

locale, ou (en Pologne) dans celles où il<br />

y a un taux de chômage élevé, l’emplacement<br />

étant choisi après passation d’un appel d’ore.<br />

En Roumanie, ils sont proches des zones frontalières.<br />

Finalement, pour des raisons de coût,<br />

les centres se retrouvent principalement dans<br />

les zones les plus pauvres et les plus frappées<br />

par le chômage. En Roumanie, les demandeurs<br />

d’asile obtiennent une autorisation de<br />

travail un an après le dépôt de leur requête. Il<br />

est dicile de trouver un emploi stable avec<br />

cette autorisation car elle est renouvelée à très<br />

courtes échéances (toutes les semaines ou les<br />

deux semaines). En Pologne, les demandeurs<br />

d’asile obtiennent cette autorisation de travail<br />

s’ils la demandent au bout de six mois de procédure.<br />

En Roumanie, la plupart des centres ont<br />

ouvert grâce aux financements européens,<br />

souvent dans des bâtiments désaectés puis<br />

réaménagés du ministère de l’Intérieur. Trois<br />

d’entre eux se situent en milieu urbain, deux<br />

autres dans de petites villes proches de la<br />

frontière nord, où l’isolement géographique<br />

et social s’ajoute à la précarité économique<br />

dans laquelle vivent les demandeurs d’asile.<br />

Comme en Pologne, leur marginalisation,<br />

que ce soit par le lieu de vie ou par le travail,<br />

est d’autant plus pénalisante et pénible<br />

au quotidien que la procédure dure parfois<br />

jusqu’à deux ans en Pologne et un an et demi<br />

en Roumanie.<br />

Dans ces deux pays, l’hébergement du<br />

demandeur d’asile est assuré sur sa demande.<br />

Pour pouvoir être enregistré et suivre la<br />

procédure, il est néanmoins nécessaire de<br />

présenter aux autorités (ORI en Roumanie,<br />

OAE en Pologne) une domiciliation. Pour les<br />

étrangers, trouver un logement dans le secteur<br />

privé reste dicile. Les centres polonais<br />

sont gérés par l’OAE, qui est la structure responsable<br />

de l’examen de la demande d’asile.<br />

En Roumanie, c’est l’ORI, une structure de<br />

type policier, qui s’en charge ; dans les centres<br />

roumains, il y a des gardes policiers en<br />

permanence et quelques caméras de vidéosurveillance.<br />

Ces centres d’accueil sont « semi-ouverts »,<br />

c’est-à-dire qu’il y a un couvre-feu le soir et<br />

que l’on perd sa place si on s’absente plus de<br />

trois nuits de suite sans autorisation préalable.<br />

En Roumanie, on la retrouve facilement<br />

sur demande, puisque les centres ne sont pas<br />

pleins. En Pologne, après sept jours d’absence,<br />

un demandeur d’asile non seulement a déjà<br />

perdu sa place, mais est aussi débouté de la<br />

procédure d’asile.<br />

Dans les deux pays, l’isolement est renforcé<br />

par le faible accès aux transports publics,<br />

inexistants ou rares, et à la charge des utilisateurs.<br />

En Pologne, l’OAE est censé rembourser<br />

les frais de transport liés aux déplacements<br />

à Varsovie pour les entretiens à l’Oce ou à<br />

l’accès aux centres de soins. Dans les faits, les<br />

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