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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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58<br />

Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />

La zone de transit de l’aéroport d’Otopeni<br />

(Bucarest)<br />

Lorsqu’un étranger est interpellé à la frontière<br />

roumaine parce qu’il ne remplit pas<br />

les conditions nécessaires pour entrer sur le<br />

territoire roumain, il est réputé ne pas être<br />

entré sur le territoire et il est maintenu dans<br />

une « zone de transit » 30 en attendant que les<br />

autorités décident de son admission sur le<br />

territoire ou de son renvoi. Une procédure<br />

d’asile à la frontière a été instituée en 2001 :<br />

dans ce cadre, un demandeur d’asile peut être<br />

enfermé jusqu’à vingt jours pour examen de<br />

sa demande. Au-delà, il est automatiquement<br />

admis sur le territoire roumain et y suit une<br />

procédure d’asile normale. D’après le HCR, il<br />

y a eu 124 demandes d’asile déposées dans un<br />

aéroport international roumain entre 2001 et<br />

2008 (mais seulement 5 en 2008).<br />

A Bucarest, la zone de transit de l’aéroport<br />

de Baneasa, jugée par le CPT « totalement<br />

inadaptée à tout hébergement prolongé de<br />

ressortissants étrangers » 31 a été fermée, sauf<br />

pour les retours. Celle de l’aéroport d’Otopeni<br />

a également été fermée en 2006 après la<br />

visite du CPT, et n’a subsisté ensuite qu’un<br />

petit local de rétention. D’après le HCR, il<br />

s’agit d’un creepy place (« lieu répugnant ») 32 .<br />

D’après les migrants rencontrés, l’endroit est<br />

sale, non aéré et rien n’est prévu pour les repas<br />

des retenus.<br />

Témoignage. J’ai passé une nuit et une<br />

journée au local de rétention administrative<br />

de l’aéroport d’Otopeni. C’est un endroit<br />

dégueulasse. Le changement de l’Allemagne<br />

à la Roumanie, c’était comme de changer de<br />

continent. Ici, on ne nous respecte pas en tant<br />

qu’être humain. Homme, Afghanistan.<br />

30. La zone de transit est l’équivalent roumain de la zone<br />

d’attente (Zapi) française.<br />

31. Rapport 2006 du CPT, www.cpt.coe.int/documents/<br />

rom/2008-41-inf-fra.pdf<br />

32. Entretien au HCR, Bucarest, 26 janvier 2010.<br />

Par décision du 10 décembre 2009 33 , le<br />

gouvernement roumain a crée une nouvelle<br />

zone de transit, située dans les bâtiments du<br />

centre de rétention de Bucarest. Dénommée<br />

« centre spécial d’accueil et d’hébergement<br />

des demandeurs d’asile », elle est placée sous<br />

la responsabilité de l’ORI (alors que les autres<br />

zones de transit sont sous la responsabilité de<br />

la PAF). Mais elle n’était pas en service lors<br />

de notre visite, et elle pourrait d’ailleurs ne<br />

jamais fonctionner car sa localisation pose<br />

un problème de compétence (rivalité avec la<br />

PAF) et un problème juridique lié à sa qualité<br />

théorique de zone extra-territoriale.<br />

Durée excessive de l’enfermement<br />

En Pologne, la durée maximale de rétention<br />

xée par la loi sur les étrangers de 2003<br />

est d’un an. L’étranger peut être placé en rétention<br />

pour une période de 90 jours renouvelable<br />

trois fois. Les retenus ont le droit de faire<br />

appel dans les sept jours suivant réception de<br />

la décision rendue par le tribunal, mais ils<br />

n’assistent pas à l’audience. Ils sont donc laissés<br />

dans l’ignorance quant à la durée totale de<br />

leur rétention, ce qui ajoute au stress de l’enfermement.<br />

L’étranger placé en rétention a le<br />

droit de déposer une demande d’asile, mais<br />

il hésitera, de peur de voir son enfermement<br />

renouvelé automatiquement pour 90 jours,<br />

ainsi que le prévoit la loi (art. 89).<br />

Si le délai de recours est dépassé, l’étranger<br />

détenu peut demander sa libération à tout<br />

moment de la rétention pour des motifs prévus<br />

par la même loi (art. 107) : changement<br />

de sa situation, risque pour sa santé et sa sécurité,<br />

annulation de la décision d’éloignement,<br />

attribution du statut de réfugié, de la protection<br />

subsidiaire ou du statut « toléré ». Le tribunal<br />

de première instance est responsable du<br />

traitement de la demande de libération. Une<br />

fois libéré, s’il est demandeur d’asile, il peut<br />

33.<br />

. www.legestart.ro/Ordinul-301-2009-stabilirea-unuispatiu-functioneaza-Centrul-special-primire-cazaresolicitantilor-azil-avand-regimul-juridic-zonei-tranzit-<br />

(MzQ0MDI1).html

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