Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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du port. Au moment de l’embarquement se<br />
forment deux les de véhicules, l’une venant<br />
de la ville, l’autre d’Ignatia, contrôlées par les<br />
conducteurs des camions et par des patrouilles<br />
de policiers. Le long de la zone portuaire, les<br />
endroits où les migrants se regroupent pour<br />
surveiller les camions sont quadrillés par la<br />
police, qui parfois les disperse en leur jetant<br />
des pierres. Elle procède aussi à des contrôles<br />
à la station de bus et à bord des bus vers<br />
Athènes. Selon les migrants, prendre le bus de<br />
nuit est dangereux car il y a régulièrement des<br />
contrôles pendant le trajet, surtout durant les<br />
traversées de villes. Le nouveau port a été créé<br />
pour fournir une liaison directe avec les autres<br />
pays de l’UE. Plus petit que celui de Patras il<br />
ne semble pas aussi militarisé, mais son accès<br />
est presque impossible aux migrants.<br />
À Patras comme à Igoumenitsa, il existe<br />
une zone d’accueil pour les passagers, avec des<br />
cafés, un duty free, des agences maritimes. À<br />
Patras cet espace est réservé aux voyageurs,<br />
qui sont contrôlés à l’entrée de la zone portuaire<br />
par la garde côtière et par des unités<br />
spéciales de police : « Nous sommes équipés<br />
techniquement pour pouvoir identier tout<br />
faux document au moment des contrôles à<br />
l’embarquement », dit le préfet de police, qui<br />
ajoute que, depuis novembre 2009 des groupes<br />
de policiers assurent le contrôle conjointement<br />
avec des unités de la garde côtière. Selon<br />
lui, « depuis le mois de novembre, la police<br />
est entrée dans le port, elle ne procède qu’à<br />
des contrôles normaux de police et non à des<br />
contrôles de papiers d’identité ». Des contrôles<br />
sont aussi eectués par des personnels non<br />
policiers : chaueurs de camion, capitaines de<br />
bateau, employés de sociétés privées aectés<br />
aux bateaux. « Quelques sociétés privées sont<br />
aectées à la sécurité du port et sont payées<br />
par l’administration portuaire de Patras », dit<br />
encore le préfet.<br />
À Igoumenitsa, la zone portuaire sert aussi<br />
de lieu de rencontre pour la population locale,<br />
qui peut voir souvent des personnes arrêtées,<br />
menottées et conduites dans les locaux<br />
de la garde côtière avant leur transfert dans les<br />
centres de détention. La police est présente en<br />
permanence, non pour contrôler les voyageurs<br />
mais pour interdire l’accès aux migrants. Les<br />
« commandos » ou les gardes côtiers font un<br />
premier ltrage, puis opèrent ensuite à l’intérieur<br />
du port en contrôlant les camions. Un<br />
dernier contrôle est fait par les capitaines lors<br />
de l’embarquement.<br />
De nouveaux centres de détention ou<br />
« screening centers » 5 sont prévus à Patras et<br />
Igoumenitsa, pour identier les migrants qui<br />
résident dans ces villes et les dissuader de rester.<br />
Toutes ces mesures sont à replacer dans<br />
un contexte plus large (grec, italien, chypriote<br />
et maltais), marqué par l’ouverture du premier<br />
bureau régional de Frontex, centre ad<br />
hoc 6 appelé « centre des frontières maritimes<br />
orientales », créé pour mener des initiatives<br />
conjointes dans la partie orientale de la Méditerranée<br />
(voir plus loin).<br />
2. Contrôles en mer<br />
Les récits de nombreux migrants, interrogés<br />
lors des missions, permettent de comprendre<br />
une étape clé du système de contrôle de la<br />
frontière adriatique : les ferries où montent<br />
les camions qui doivent rejoindre les ports<br />
italiens.<br />
La durée du voyage varie selon la destination<br />
: 16 heures d’Igoumenitsa à Ancône,<br />
22 heures de Patras à Ancône, 27 heures<br />
d’Igoumenitsa à Venise. Pendant le voyage,<br />
les migrants sortent des camions et se cachent<br />
entre les roues : c’est souvent à cette occasion<br />
qu’ils sont repérés par des caméras, interceptés<br />
par le service de sécurité des bateaux, placés<br />
dans des locaux d’enfermement et ramenés<br />
en Grèce, en violation de plusieurs droits<br />
fondamentaux : on ne leur laisse pas la possibilité<br />
de demander l’asile et ils sont réadmis<br />
5. Centres de ltrage pour étrangers entrés illégalement en<br />
Grèce (cf. infra le chapitre « Grèce-Turquie », note 20).<br />
6. Study on the feasibility of establishing specialised branches<br />
of Frontex, Rapport nal, 11/12/2009.<br />
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