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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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du trafic humain. On n’entend jamais dire<br />

que la traite est découverte par la police ou<br />

par les gardes-frontière. Cela veut dire que<br />

la traite est très bien organisée et apporte<br />

beaucoup d’argent aux deux côtés. […] Le<br />

plus souvent ce sont les Russes, les Ukrainiens<br />

et les Polonais qui décident qui, parmi les<br />

Vietnamiens, va continuer le voyage ou qui<br />

doit travailler. Il arrive que ces gens là soient<br />

laissés dans la forêt. [Même la police feint<br />

de les ignorer quand ils demandent secours.]<br />

Et ce sont de grosses sommes d’argent, des<br />

milliers de gens paient même si le voyage ne<br />

coûte relativement presque rien. Et ces genslà<br />

arrivent en Pologne et ils se rendent compte<br />

qu’ils sont dans un cercle vicieux ; ils doivent<br />

toujours travailler pour rembourser le voyage.<br />

Et, en Pologne, il est impossible d’obtenir<br />

le statut de réfugié pour un Vietnamien.<br />

Sur 500 demandes d’asile déposées par les<br />

Vietnamiens, il y a peut-être une décision<br />

positive. Les Vietnamiens savent qu’ils n’ont<br />

pas cette possibilité. De plus, le système de<br />

déportation permet d’envoyer une « personne<br />

illégale » au Vietnam si l’ambassade veut<br />

l’identifier. Et c’est sûr que l’ambassade<br />

<br />

quelque chose contre le système. On a déjà<br />

rencontré beaucoup de personnes qui ont<br />

voulu témoigner, mais quand ils sont allés à<br />

la police, ils ont été déportés au Vietnam plus<br />

tard. Extraits du récit de Ton Van Anh, activiste<br />

de Liberté de la parole 55 .<br />

Les ressortissants vietnamiens ne sont pas<br />

les seuls « exclus » du droit d’asile en Pologne<br />

; d’autres nationalités se voient régulièrement<br />

refuser la protection, comme les Géorgiens<br />

ou les Ouzbeks et aussi, de plus en plus<br />

souvent, les Tchétchènes. Parfois condamnés<br />

à une longue attente, les demandeurs d’asile<br />

doivent faire face à d’autres problèmes économiques<br />

et sociaux alors que certaines communes<br />

ne les accueillent pas à bras ouverts.<br />

55. . Publié in À. Lipowska-Teutsch et H. Grzymala-<br />

Moszczynska, Kobiety Wedrowne (Femmes de voyage),<br />

Cracovie, 2008.<br />

IV - L’intolérance aux<br />

migrants et réfugiés<br />

En deçà des eets des politiques migratoires<br />

de l’UE, les dicultés rencontrées par les<br />

migrants en Pologne et en Roumanie résultent<br />

d’un contexte institutionnel, économique<br />

et social spéciques. La vie quotidienne<br />

des habitants de ces deux pays, étrangers<br />

inclus, est soumise à des contraintes importantes<br />

liées à la pauvreté et au chômage qui<br />

frappent une part non négligeable des populations.<br />

L’accompagnement social et nancier<br />

des migrants et des demandeurs d’asile est<br />

très faible quant à ses eets sur la possibilité<br />

de s’insérer dans le pays d’accueil, voire simplement<br />

d’y suivre une procédure d’asile. En<br />

outre, l’immigration se déroule dans un environnement<br />

particulier : du fait de la fermeture<br />

quasiment totale des frontières aux déplacements<br />

humains à l’époque socialiste, pendant<br />

longtemps ces pays n’ont pas eu l’expérience<br />

du phénomène migratoire, encore moins sous<br />

sa forme mondialisée actuelle. Il existe aussi,<br />

comme ailleurs, dans des situations économiques<br />

et politiques qui ne sont pas très solides,<br />

une tendance à donner la priorité aux nationaux<br />

pour l’accès aux ressources limitées de<br />

l’emploi et des services sociaux. En Pologne,<br />

une partie de la société est toujours méante<br />

vis-à-vis des immigrés et rejette parfois, voire<br />

rivalise avec les « nouveaux venus ».<br />

<br />

en Pologne<br />

La Pologne est une des principales portes<br />

d’entrée en Europe des demandeurs d’asile<br />

en provenance de Russie, via l’Ukraine ou la<br />

Biélorussie. En 2009, sur 10 590 demandes<br />

d’asile, 5 726 ont été déposées par les ressortissants<br />

russes (principalement des Tchéthènes)<br />

: seulement 102 ont obtenu le statut de<br />

réfugié et 2 261 la protection subsidiaire, qui<br />

est un statut précaire car elle n’est que tempo-<br />

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