26.06.2013 Views

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

es qui pourraient être positives : la limitation<br />

des causes d’irrecevabilité quand la personne<br />

demande l’asile sur le territoire espagnol<br />

et l’introduction d’une procédure abrégée,<br />

comme le prévoit la réglementation administrative<br />

pour le traitement en urgence des<br />

cas tant manifestement fondés qu’infondés.<br />

Cette modication a eu un eet déconcertant<br />

à Ceuta et à Melilla (autre enclave espagnole<br />

au nord du Maroc).<br />

A Ceuta, après l’entrée en vigueur de la loi,<br />

les transferts des demandeurs d’asile en cours<br />

de procédure vers la péninsule se sont ralentis<br />

jusqu’à finalement cesser à partir du 22<br />

décembre 2009. Depuis le 28 janvier 2010,<br />

la police en charge du contrôle du port interdit<br />

l’accès des demandeurs d’asile aux ferries,<br />

déclarant suivre les ordres de la délégation du<br />

gouvernement à Ceuta.<br />

Cette décision a conduit la CEAR à présenter<br />

plusieurs plaintes. La police a réagi en<br />

délivrant des résolutions écrites justiant le<br />

contrôle des étrangers qui se déplacent vers<br />

la péninsule par l’application des accords de<br />

Schengen. Mais le plus préoccupant est la<br />

réponse ocieuse des autorités, qui arguent<br />

de la production d’un « appel d’air » en<br />

direction des migrants se trouvant encore au<br />

Maroc : le taux élevé d’admission à la procédure<br />

d’asile à Ceuta suite à l’adoption de la<br />

nouvelle loi serait la cause de l’augmentation<br />

des entrées irrégulières. Cette pratique met en<br />

évidence l’application perverse par les autorités<br />

des modications positives de la réforme<br />

de la loi sur l’asile.<br />

Par ailleurs, un groupe de 83 demandeurs<br />

d’asile en possession d’un permis de résidence<br />

pour toute l’Espagne 7 s’est vu interdire<br />

le passage vers la péninsule sans que le<br />

gouvernement ne fournisse pour cela aucune<br />

explication convaincante. Il s’agit d’un autre<br />

exemple du non respect de la nouvelle loi sur<br />

l’asile à Ceuta.<br />

7. Cas prévu par l’article 13.2 du règlement sur l’asile.<br />

Une des conséquences tragiques récentes<br />

de cette politique est la mort, le 3 mai 2010,<br />

d’Abdoulaye Kone, demandeur d’asile à qui<br />

l’accès à la péninsule avait été interdit, malgré<br />

sa possession d’une autorisation de séjour.<br />

Il est décédé, écrasé, après être tombé d’un<br />

camion où il s’était caché pour quitter Ceuta.<br />

Ce drame a eu lieu sur l’autoroute A-7, près<br />

de Manilva à Malaga. Il avait vingt ans et<br />

venait de Côte d’Ivoire, d’où il avait fui la<br />

guerre, qui avait provoqué la mort de sa mère<br />

et son recrutement forcé dans un groupe<br />

armé. Kone avait demandé l’asile en octobre<br />

2009 et, depuis, il vivait dans le CETI. Kone<br />

avait déposé une plainte contre la violation du<br />

droit de circulation dont il était victime.<br />

Les portadoras marocaines de Tetouan. Cela<br />

fait 17 ans que je travaille à la frontière. Je<br />

me lève à 3h30 du matin, je prépare le repas<br />

des enfants et je sors de la maison à 4h. Je<br />

prends le bus jusqu’à Castioquo et un taxi<br />

jusqu’à la frontière. Je commence à 7h quand<br />

s’ouvre la frontière, jusqu’à sa fermeture à<br />

13h. Quand j’ai des problèmes pour respirer,<br />

je laisse passer les autres dans le passage.<br />

Avant, on était bien traitées par la police mais<br />

maintenant c’est plus dangereux. Je vends<br />

de la nourriture. Quand je suis malade, je ne<br />

vais pas à la frontière, sinon je le fais trois<br />

fois par semaine. Je peux gagner entre 300<br />

et 100 dirham par jour, mais parfois la police<br />

marocaine m’enlève la marchandise et je<br />

dois retourner sans rien chez moi à Tétouan.<br />

Habduj.<br />

Ceuta est une zone franche ayant des relations<br />

frontalières, économiques et professionnelles<br />

étroites avec son voisin le Maroc, ce qui<br />

conduit chaque jour près de 20 000 personnes<br />

de nationalité marocaine à entrer dans la<br />

ville pour travailler et gagner leur vie dans le<br />

transport des marchandises. Selon un accord<br />

entre l’Espagne et le Maroc, ces personnes<br />

ne peuvent rester à Ceuta que pendant la<br />

journée et doivent retourner au Maroc avant<br />

minuit. Une bonne partie de ces personnes<br />

sont des porteuses, aussi appelées « mujeres<br />

mulas » (femmes mules) : en majorité des<br />

femmes, elles introduisent au Maroc les biens<br />

achetés à Ceuta dans la zone industrielle du<br />

Tarajal, en utilisant le passage Biutz, réservé<br />

à cet effet. Le but est de faire le plus grand<br />

11

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!