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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />

se suicider le jour où elle a reçu la décision<br />

de prolonger de trois mois la rétention. Elle a<br />

été emmenée à l’hôpital. Quelques jours plus<br />

tard, elle a été transférée dans le camp ouvert<br />

de Debak.<br />

En janvier 2010, un retenu d’origine<br />

géorgienne a fait une grève de la faim dans<br />

le centre de rétention de Ketrzyn (au nord<br />

de la Pologne). Il s’est cousu les lèvres. Sa<br />

<br />

de signaler que son mari avait besoin d’aide.<br />

Après un mois de grève, aidés par les juristes,<br />

le retenu et sa famille ont été libérés et ont<br />

obtenu une place dans un centre ouvert pour<br />

les demandeurs d’asile.<br />

Rétention des personnes vulnérables<br />

La loi polonaise (art. 121) admet qu’une<br />

femme jusqu’à 7 mois de grossesse puisse être<br />

placée dans une prison de déportation. Dans<br />

les centres gardés, aucune prise en charge spécique<br />

n’est prévue pour les femmes enceintes<br />

et les parents isolés avec enfants.<br />

Concernant les mineurs, la Pologne est<br />

signataire de la convention internationale des<br />

droits de l’enfant de 1989. Cependant, la loi<br />

sur les étrangers autorise la mise en rétention<br />

de familles entières, mineurs compris. Bien<br />

que l’éducation soit obligatoire de 7 à 18 ans,<br />

les enfants retenus n’y ont pas accès. La détention<br />

des mineurs étrangers non accompagnés<br />

n’est pas non plus interdite, et la loi (art. 101)<br />

permet le placement de l’enfant dans un centre<br />

éducatif, par exemple un orphelinat. Selon<br />

les informations fournies par Halina Niec,<br />

en 2009, deux mineurs non-accompagnés<br />

ont été mis dans le centre fermé de Krosno<br />

Odrzanskie (centre-ouest de la Pologne). Ils<br />

venaient d’Afghanistan et étaient détenus<br />

pour passage irrégulier de la frontière. Ils ont<br />

demandé l’asile. Sur proposition de l’Oce<br />

des aaires des étrangers (OAE), le juge de<br />

la région a désigné les officiers de la police<br />

comme gardiens juridiques (administrateurs<br />

ad hoc) des deux mineurs non-accompagnés :<br />

ces derniers n’ont donc pas été transférés en<br />

orphelinat et sont restés à Krosno, où il y a<br />

une chambre aménagée pour les loisirs des<br />

enfants.<br />

L’accès à l’aide juridique dans les centres<br />

En Roumanie, une association intervient<br />

régulièrement en rétention an d’accompagner<br />

juridiquement les retenus et d’expliquer<br />

au migrant dans quelle situation il se trouve<br />

(les documents de procédure sont traduits<br />

dans une autre langue que le roumain mais<br />

pas forcément dans la langue maternelle du<br />

retenu). Elle peut également recommander<br />

un avocat ou déposer un recours pour le retenu.<br />

En zone de transit, une autre association<br />

est habilitée à intervenir. Le CPT a dénoncé<br />

le fait que les étrangers non admis (y compris<br />

les demandeurs d’asile) ne recevaient<br />

pas d’informations (ou dans des délais trop<br />

longs) sur leurs droits et sur la procédure à<br />

suivre 35 . Lorsque l’information arrive jusqu’à<br />

eux, c’est la plupart du temps en roumain ou<br />

en anglais, non dans leur langue maternelle.<br />

Dans les deux types d’endroits, l’assistance<br />

d’un interprète reste exceptionnelle.<br />

En Pologne, l’étranger détenu dans un<br />

centre fermé ou dans une prison de déportation<br />

a le droit de contacter par lettre ou par<br />

téléphone les autorités polonaises, ses représentants<br />

diplomatiques et des associations. Il<br />

doit être informé de ce droit dans une langue<br />

qu’il comprend. Il a accès à un téléphone,<br />

mais en pratique les retenus doivent acheter<br />

une carte téléphonique, sauf dans de très rares<br />

cas où le centre accorde des appels gratuits<br />

aux plus pauvres 36 . Des associations interviennent<br />

en rétention pour apporter des conseils<br />

juridiques : il y aurait une vingtaine de juristes<br />

faisant ce travail dans tout le pays. Mais<br />

comme les nancements sont insusants, ces<br />

associations ne se déplacent pas régulièrement<br />

et le conseil s’effectue alors par téléphone.<br />

Pour cela, les retenus ont a leur disposition<br />

35. Rapport 2006, op. cit.<br />

36. Selon les critères retenus pour évaluer si un étranger est<br />

pauvre ou pas, l’accès aux appels gratuits peut être aléatoire<br />

et discriminant.

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