Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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des visites et consulter le médecin ou le psychologue<br />
26 .<br />
Peuvent être placées dans des prisons de<br />
déportation des personnes dont on aura estimé<br />
que leurs comportements étaient agressifs<br />
ou – plus étonnant – ayant tenté de se suicider.<br />
La décision du juge à l’issue de la garde à<br />
vue peut être considérée comme quasi automatique<br />
et ne contredit que rarement l’analyse<br />
des policiers. À Przemysl par exemple, il<br />
y a un centre fermé et une prison de déportation<br />
gérée par la même direction. D’après le<br />
personnel 27 , certaines personnes sont placées<br />
dans la prison sans que cela se justie.<br />
Centres de rétention et zone de transit<br />
en Roumanie<br />
Les deux centres de rétention en Roumanie<br />
(40 places à Arad, 140 à Bucarest) reçoivent<br />
trois catégories d’étrangers (les « éloignables<br />
», les « expulsables », les « indésirables »)<br />
pour des durées théoriques maximales allant<br />
de 6 mois à 30 ans 28 . Les « éloignables » sont<br />
sous le coup d’une mesure d’éloignement car<br />
ils n’ont pas ou plus de droit au séjour. Si celle-ci<br />
ne peut être réalisée sous 24 heures après<br />
l’interpellation, il peut être placé en centre de<br />
rétention. Les « expulsables » sont sous le coup<br />
d’une mesure judiciaire d’expulsion prise<br />
par un juge dans les conditions prévues par<br />
la loi pénale car ils ont commis une infraction.<br />
Les « indésirables », toujours par décision<br />
d’un juge, sont les personnes qui ont mené,<br />
mènent ou risquent de mener des activités de<br />
nature à mettre en danger la sécurité nationale<br />
et l’ordre public.<br />
Les conditions de vie et l’accès à l’exercice<br />
des droits sont problématiques, mais<br />
26. Observations et entretiens avec le personnel du centre<br />
fermé de Lesznowola, 1er mars 2010.<br />
27. Entretiens informels avec le personnel, 1er mars<br />
2010.<br />
28. La loi n’empêche pas que les étrangers dits<br />
« indésirables » qui ont eu une interdiction du territoire<br />
de 15 ans, renouvelée une fois, séjournent en centre de<br />
rétention pendant 30 ans. En pratique, les autorités<br />
nissent par arriver à éloigner l’étranger.<br />
la situation semble s’être améliorée depuis<br />
2006, date à laquelle un retenu a saisi la<br />
cour européenne des droits de l’homme, qui<br />
condamnera la Roumanie pour « peines ou<br />
traitements inhumains ou dégradants » 29 .<br />
Au centre d’Otopeni (Bucarest), l’espace des<br />
chambres et des lieux de vie est très réduit et<br />
les activités sont très rares. Les retenus sont<br />
enfermés dans des chambres à quatre lits, le<br />
plus souvent en silence, sauf pendant de courtes<br />
périodes (les portes sont ouvertes pendant<br />
4 heures le matin et 2 heures le soir). Le mode<br />
de vie est en réalité très proche du régime carcéral,<br />
contrairement aux recommandations<br />
du CPT. Deux policiers sont présents dans les<br />
parties communes en permanence, les activités<br />
proposées sont peu nombreuses, le couloir<br />
sert à la promenade car l’accès à la terrasse en<br />
plein air est limité à cause du risque d’évasion,<br />
et les visites sont soumises à une déclaration<br />
préalable et limitée.<br />
Témoignages. J’aime être dehors, marcher,<br />
<br />
j’ai eu beaucoup de mal à supporter<br />
l’enfermement. C’était la deuxième fois<br />
que l’on m’enfermait en peu de temps, mais<br />
dans l’autre pays européen, il y avait plus<br />
d’activités à faire et on pouvait sortir dehors<br />
souvent. Homme, Afghanistan.<br />
Pendant mon séjour à Otopeni, il y avait un<br />
étranger qui avait des problèmes mentaux. Il<br />
était nerveux et agressait les autres migrants<br />
s’il se sentait regardé de travers. Il était tout<br />
seul dans sa chambre, mais ce n’était pas<br />
une chambre spéciale. S’il ne se tenait pas<br />
tranquille, on l’y enfermait, et il en sortait<br />
pour manger à des heures séparées. Homme,<br />
Pakistan.<br />
29. Article 3 de la Convention européenne de sauvegarde<br />
des droits de l’homme (CEDH). Arrêt du 12 janvier 2010.<br />
http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/view.asp?item=1&por<br />
tal=hbkm&action=html&highlight=al-agha&sessionid=4<br />
8854765&skin=hudoc-fr<br />
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