Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Mers ionienne et adriatique : retours forcés entre Italie et Grèce<br />
Des migrants venant du Soudan et de la Corne de l’Afrique vivent, à coté du port de Patras,<br />
dans des wagons abandonnés (photo de Regina Mantanika)<br />
mal. À Kozani, la situation était bien pire : on<br />
était presque tous malades, on avait la gale, on<br />
ne pouvait pas sortir, et chaque fois qu’on se<br />
plaignait on prenait des coups », raconte un<br />
Somalien sur la colline d’Igoumenitsa.<br />
Selon les migrants rencontrées, la détention<br />
des expulsés d’Italie vers Patras n’est<br />
pas très longue, au maximum deux jours ;<br />
il arrive aussi que des personnes à qui l’on<br />
avait notié un ordre d’expulsion soient relâchées.<br />
À Igoumenitsa au contraire, la détention<br />
dure plus longtemps, au début dans les<br />
locaux de la zone portuaire, ensuite dans<br />
d’autres locaux.<br />
Nombre de mineurs non accompagnés<br />
restent plus d’un mois en détention (cas<br />
observés dans les deux villes). Locaux surpeuplés<br />
et standards sanitaires insuffisants : les<br />
conditions de détention sont si déplorables<br />
qu’à Patras, le syndicat des policiers a protesté<br />
contre la détention dans les postes de police<br />
(voir infra). Les personnes n’ont aucune information<br />
sur leurs droits, dans la plupart des cas<br />
il n’y a pas d’interprète, et on leur demande<br />
de signer des documents dont ils ne comprennent<br />
pas le contenu.<br />
« En ce moment, nous avons à Igoumenitsa<br />
de 150 à 200 réfugiés, c’est au delà de<br />
200 que les problèmes commencent. Ils se<br />
promènent partout dans la ville..., si la police<br />
ne réagit pas, il va y en avoir 400. Avant,<br />
c’était seulement des Kurdes qui arrivaient, ils<br />
coopéraient plus que ceux d’aujourd’hui, les<br />
Somaliens, Palestiniens, Albanais, Macédoniens.<br />
Les problèmes d’immigration à Igoumenitsa<br />
ne sont pas nouveaux, ça remonte à<br />
dix ans. La situation dans les centres de détention<br />
est tragique, nous n’avons pas les moyens<br />
d’accueillir tout le monde et nous les transférons<br />
vers d’autres centres. La plupart des<br />
détenus ont été expulsés d’Italie : chaque jour<br />
10, 20, 40 personnes arrêtées dans leurs ports.<br />
La population nous met la pression. C’est<br />
heureux qu’il n’y ait pas encore eu de révolte.<br />
Tous ces migrants dont on ne contrôle pas le<br />
nombre, ça va nir par provoquer du racisme<br />
dans notre région. Notre rôle est de les empêcher<br />
d’arriver au port. Nous avons besoin de<br />
plus de centres de rétention, loin d’Igoume-