28 Les pays sahélo-sahariens, nouvelles vigies de l’Europe exiguës, sans aucun aménagement ni conditions d’hygiène, n’est aujourd’hui plus utilisé, la commune n’a pu fournir d’hébergement de substitution. C’est encore une initiative personnelle qui permet de louer depuis sept mois une petite maison, gérée par d’anciens refoulés et servant de lieu de premier accueil. Certains retournés se sont par ailleurs constitués en association, comme l’Association des rapatriés d’Europe résidents à Nioro du Sahel (Arernes), officiellement créée en juin 2008 et qui s’est xée pour objectif l’accompagnement et le soutien des initiatives en faveur des refoulés. Un membre bénévole de l’AME présent à Nioro tente également de coordonner et de solliciter les différents acteurs nécessaires à une prise en charge minimale des refoulés. L’arrivée en janvier 2010 d’une antenne de la Croix Rouge malienne suscite un peu d’espoir au niveau local, malgré un certain scepticisme sur les activités qui seront mises en œuvre. Les relations entre pays sahéliens en danger Malgré le constat d’impuissance et le sentiment d’abandon de la plupart des interlocuteurs – militants, migrants, population ou autorités –, et malgré un consensus général sur le fait que les migrants ne devraient pas être traités comme des criminels, le souci du maintien de « bonnes relations » avec la Mauritanie est prégnant. Seuls des refoulés dénoncent le sort qu’ils ont subi et se sont parfois spontanément rebellés à l’arrivée au Mali 45 , mais rares sont les représentants de l’autorité malienne qui osent dénoncer le traitement des migrants par le pays voisin. Beaucoup semblent avoir conscience de l’aspect dévastateur que peuvent avoir les politiques migratoires sur les relations entre les deux pays, au contraire de l’UE et de ses Etats membres. L’absence totale de réaction des autorités nationales, tant pour dénoncer ces refoule- 45. Entretien avec le maire de Gogui et ses adjoints, février 2010. Voir aussi AME-APDHA, ibid. ments que pour prendre en charge les refoulés, trouve peut-être ainsi son origine dans ce souci d’un statu quo avec la Mauritanie. Les politiques européennes menées envers le Mali et la Mauritanie depuis 2006 et les dérives qui en découlent ont de nombreuses conséquences sur les droits des étrangers. Dans toute la région, elles présentent des risques quant aux relations diplomatiques entre les diérents pays. On pense notamment au contexte particulier de la Mauritanie, constituée de communautés noire et maure, toujours marquées par le conit interne de 1989-1991 ayant opposé les deux populations 46 . Or l’UE, en exerçant des pressions sur ce pays pour qu’il expulse les étrangers en grande partie sénégalais et maliens, semble ignorer les conséquences que pourraient avoir la stigmatisation des populations noires étrangères et ces refoulements sur la stabilité de la Mauritanie et de la région. En quelques mois, l’UE est venue bouleverser par son ingérence le mode de circulation et d’accueil que ces deux pays ont choisi et acté à travers un accord bilatéral 47 , sans s’interroger sur l’histoire ni la nécessité de cette mobilité intra-africaine, tant pour le peuple malien qui trouve dans le pays voisin du travail et donc des moyens de survie, que pour la Mauritanie, dont les besoins en maind’œuvre étrangère sont réels. Comme le disait un édile local, « les politiques des pays européens causent beaucoup de tort aux candidats à l’émigration et à nos diérents pays 48 ». GdJ, A-SW 46. Ce conit avait conduit à l’expulsion de dizaines de milliers de ressortissants mauritaniens noirs vers le Sénégal et le Mali. Cf. C. Becker et A. Lericollais, « Le problème frontalier dans le conit sénégalo-mauritanien », Politique africaine, n° 35, 1989, p. 149-155. 47. Convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et la République islamique de Mauritanie, 25/07/1963. 48. Entretien avec le maire de Nioro et ses adjoints, février 2010.
Des espaces de « libre circulation » des personnes de plus en plus contrôlés 29
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