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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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62<br />

Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />

sommes distribuées sont nettement insusantes<br />

et versées irrégulièrement, et certains<br />

demandeurs d’asile n’ont même pas assez<br />

d’argent pour envoyer leurs enfants à l’école,<br />

souvent située loin des centres d’accueil 37 . En<br />

Roumanie, les demandeurs d’asile reçoivent<br />

105 ron par mois (environ 25 €), qui sont<br />

censés couvrir toutes leurs dépenses, y compris<br />

les transports. Finalement, il arrivera que<br />

le demandeur d’asile paie son déplacement<br />

pour chaque convocation et patiente de longues<br />

heures, pour apprendre que l’audience<br />

est renvoyée quelques semaines plus tard.<br />

Une autre conséquence de l’isolement<br />

est la diculté pour les demandeurs d’asile<br />

d’accéder à un accompagnement juridique.<br />

En Pologne, les associations de conseil juridique<br />

ne sont pas présentes dans tous les<br />

centres, et elles ne se rendent que rarement<br />

dans ceux éloignés des villes. Pour l’aide au<br />

téléphone, la bonne volonté des directeurs de<br />

centre pour informer et faciliter cet accès est<br />

déterminante ; or elle n’est pas toujours au<br />

rendez-vous. En Roumanie, il y a surtout un<br />

sérieux problème d’interprétariat, et ce quelle<br />

que soit la langue. Les interprètes travaillant<br />

dans ce domaine sont très peu nombreux et<br />

ne se présentent pas toujours aux audiences.<br />

Plus généralement, l’absence d’un accompagnement<br />

global régulier est susceptible d’avoir<br />

des conséquences négatives sur la situation de<br />

ces personnes (maladies graves, problèmes<br />

psychologiques ou sociaux non traités).<br />

3. Les demandeurs d’asile<br />

« dublinés »<br />

En tant que pays de première entrée dans<br />

l’espace européen, la Pologne et la Roumanie<br />

sont appelées à réadmettre sur leur territoire<br />

nombre de demandeurs d’asile en application<br />

du règlement Dublin II : il peut s’agir de personnes<br />

ayant seulement transité par ces pays<br />

sans y demander l’asile par crainte de repré-<br />

37. Entretien avec un agent d’un centre ouvert.<br />

sailles, d’une incarcération ou d’un refus 38 ,<br />

ou y ayant été déboutées de leur requête, ou<br />

encore n’ayant pas attendu le résultat de la<br />

procédure. Pour toutes ces raisons, on constate<br />

que de nombreux retours et expulsions soit<br />

vers la Pologne et la Roumanie, soit depuis<br />

ces deux pays s’enchaînent en cascade, en<br />

fonction des accords de réadmission qu’ils ont<br />

signés avec leurs partenaires, dans un cadre<br />

bilatéral, intergouvernemental ou communautaire.<br />

Sachant que leur taux de reconnaissance<br />

du statut de réfugié est faible, voire nul<br />

pour certaines nationalités, les conséquences<br />

de ces expulsions sont très dommageables, la<br />

« réadmission-Dublin » pouvant être le premier<br />

acte d’un retour forcé du demandeur<br />

d’asile à son pays d’origine ou de provenance<br />

sans que l’examen au fond de sa requête n’ait<br />

été garanti.<br />

Retours en rétention<br />

En Roumanie, selon l’état de leur procédure<br />

d’asile, les « dublinés » connaissent différents<br />

sorts :<br />

– si la procédure est encore en cours d’examen,<br />

ils peuvent revenir dans leur centre pour<br />

demandeurs d’asile (transfert directement<br />

depuis l’avion ou voyage libre en train) sans<br />

encourir aucune sanction et continuer leur<br />

procédure ;<br />

– si la procédure d’asile est close (avec<br />

refus), ils seront placés en rétention dès leur<br />

arrivée comme étrangers en situation irrégulière<br />

;<br />

– s’ils n’ont jamais demandé l’asile en<br />

Roumanie, ils seront placés en rétention, mais<br />

seront automatiquement libérés du centre s’ils<br />

déposent une demande d’asile.<br />

Circonstances d’un retour en Roumanie.<br />

J’ai passé trois mois dans un centre pour<br />

demandeurs d’asile en Roumanie, puis j’ai<br />

décidé de quitter ce centre pour reprendre<br />

la route vers la Belgique. J’ai repris contact<br />

38. Entretiens avec des demandeurs d’asile tchétchènes et<br />

ouzbeks, 11/2009-03/2010.

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