Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />
sommes distribuées sont nettement insusantes<br />
et versées irrégulièrement, et certains<br />
demandeurs d’asile n’ont même pas assez<br />
d’argent pour envoyer leurs enfants à l’école,<br />
souvent située loin des centres d’accueil 37 . En<br />
Roumanie, les demandeurs d’asile reçoivent<br />
105 ron par mois (environ 25 €), qui sont<br />
censés couvrir toutes leurs dépenses, y compris<br />
les transports. Finalement, il arrivera que<br />
le demandeur d’asile paie son déplacement<br />
pour chaque convocation et patiente de longues<br />
heures, pour apprendre que l’audience<br />
est renvoyée quelques semaines plus tard.<br />
Une autre conséquence de l’isolement<br />
est la diculté pour les demandeurs d’asile<br />
d’accéder à un accompagnement juridique.<br />
En Pologne, les associations de conseil juridique<br />
ne sont pas présentes dans tous les<br />
centres, et elles ne se rendent que rarement<br />
dans ceux éloignés des villes. Pour l’aide au<br />
téléphone, la bonne volonté des directeurs de<br />
centre pour informer et faciliter cet accès est<br />
déterminante ; or elle n’est pas toujours au<br />
rendez-vous. En Roumanie, il y a surtout un<br />
sérieux problème d’interprétariat, et ce quelle<br />
que soit la langue. Les interprètes travaillant<br />
dans ce domaine sont très peu nombreux et<br />
ne se présentent pas toujours aux audiences.<br />
Plus généralement, l’absence d’un accompagnement<br />
global régulier est susceptible d’avoir<br />
des conséquences négatives sur la situation de<br />
ces personnes (maladies graves, problèmes<br />
psychologiques ou sociaux non traités).<br />
3. Les demandeurs d’asile<br />
« dublinés »<br />
En tant que pays de première entrée dans<br />
l’espace européen, la Pologne et la Roumanie<br />
sont appelées à réadmettre sur leur territoire<br />
nombre de demandeurs d’asile en application<br />
du règlement Dublin II : il peut s’agir de personnes<br />
ayant seulement transité par ces pays<br />
sans y demander l’asile par crainte de repré-<br />
37. Entretien avec un agent d’un centre ouvert.<br />
sailles, d’une incarcération ou d’un refus 38 ,<br />
ou y ayant été déboutées de leur requête, ou<br />
encore n’ayant pas attendu le résultat de la<br />
procédure. Pour toutes ces raisons, on constate<br />
que de nombreux retours et expulsions soit<br />
vers la Pologne et la Roumanie, soit depuis<br />
ces deux pays s’enchaînent en cascade, en<br />
fonction des accords de réadmission qu’ils ont<br />
signés avec leurs partenaires, dans un cadre<br />
bilatéral, intergouvernemental ou communautaire.<br />
Sachant que leur taux de reconnaissance<br />
du statut de réfugié est faible, voire nul<br />
pour certaines nationalités, les conséquences<br />
de ces expulsions sont très dommageables, la<br />
« réadmission-Dublin » pouvant être le premier<br />
acte d’un retour forcé du demandeur<br />
d’asile à son pays d’origine ou de provenance<br />
sans que l’examen au fond de sa requête n’ait<br />
été garanti.<br />
Retours en rétention<br />
En Roumanie, selon l’état de leur procédure<br />
d’asile, les « dublinés » connaissent différents<br />
sorts :<br />
– si la procédure est encore en cours d’examen,<br />
ils peuvent revenir dans leur centre pour<br />
demandeurs d’asile (transfert directement<br />
depuis l’avion ou voyage libre en train) sans<br />
encourir aucune sanction et continuer leur<br />
procédure ;<br />
– si la procédure d’asile est close (avec<br />
refus), ils seront placés en rétention dès leur<br />
arrivée comme étrangers en situation irrégulière<br />
;<br />
– s’ils n’ont jamais demandé l’asile en<br />
Roumanie, ils seront placés en rétention, mais<br />
seront automatiquement libérés du centre s’ils<br />
déposent une demande d’asile.<br />
Circonstances d’un retour en Roumanie.<br />
J’ai passé trois mois dans un centre pour<br />
demandeurs d’asile en Roumanie, puis j’ai<br />
décidé de quitter ce centre pour reprendre<br />
la route vers la Belgique. J’ai repris contact<br />
38. Entretiens avec des demandeurs d’asile tchétchènes et<br />
ouzbeks, 11/2009-03/2010.