Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Les requérants sont interviewés par des<br />
gardes-frontière dans leurs locaux, procédure<br />
particulièrement stressante pour des demandeurs<br />
d’asile qui ont souvent le sentiment que<br />
les autorités de leurs pays ont encore la possibilité<br />
de les poursuivre 14 . Une fois la demande<br />
enregistrée, ils doivent se rendre par leurs<br />
propres moyens à un centre de transit, le plus<br />
souvent celui de Biala Podlaska, le plus proche<br />
de Terespol. Les informations obtenues lors<br />
du premier interrogatoire sont considérées<br />
par les autorités comme les plus « crédibles »<br />
pour évaluer leur situation, et doivent être<br />
identiques à celles que la personne présentera<br />
au deuxième entretien, si elle y parvient, ou<br />
qu’elle utilisera dans le recours en cas de décision<br />
de rejet. Selon les témoignages, la peur<br />
de ne pas dire ce qu’il faut, la peur des représailles<br />
contre la famille restée au pays, l’attente<br />
interminable sans pouvoir s’alimenter, tout<br />
cela est créateur de stress.<br />
Aléas de la demande d’asile<br />
En Roumanie, lorsqu’un migrant est interpellé<br />
à la frontière, il est transféré vers le poste<br />
de police le plus proche et placé en rétention<br />
pour une durée maximale de 24 heures. Il<br />
n’est généralement pas informé de la possibilité<br />
de demander l’asile 15 . Les policiers, qui se<br />
sont entretenus brièvement avec le migrant,<br />
prennent ensuite contact avec l’Oce roumain<br />
pour l’immigration (ORI) qui donne<br />
des indications en faveur d’une demande<br />
d’asile ou d’une réadmission sans s’être entretenu<br />
avec le migrant ni déplacé au poste de<br />
police. Le HCR a signé un accord tripartite<br />
avec la PAF et l’Organisation internationale<br />
pour les migrations (OIM) an de contrôler<br />
le respect du principe de non-refoulement des<br />
demandeurs d’asile et de former les agents.<br />
Les résultats sont pour l’instant décevants : en<br />
2009, 30 ociers ont été formés, mais suite<br />
à une réorganisation du service, seuls deux<br />
14. Témoignages de demandeurs d’asile ouzbeks et<br />
tchétchènes.<br />
15. Entretien avec le HCR à Bucarest, 26 janvier 2010.<br />
occupaient encore des fonctions en lien avec<br />
l’accueil des demandeurs d’asile 16 . (En Pologne,<br />
un accord similaire entre le HCR et les<br />
gardes-frontière a été signé en octobre 2009.)<br />
Une bonne partie des migrants arrêtés à la<br />
frontière avec la Hongrie (ou renvoyés par la<br />
Hongrie) sont en fait des demandeurs d’asile<br />
de Roumanie qui cherchent à gagner un autre<br />
pays. Face aux dicultés pratiques rencontrées<br />
(aide nancière insusante, rareté des<br />
interprètes, faiblesse des communautés de<br />
soutien), un certain nombre abandonnent<br />
leur procédure d’asile avant qu’elle arrive à<br />
son terme. S’ils sont interpellés, ils sont renvoyés<br />
vers leur centre d’accueil et poursuivent<br />
leur procédure.<br />
<br />
deux types de situation aux frontières<br />
roumaines : refoulement avant même le<br />
franchissement de la frontière à l’entrée ;<br />
arrestation de personnes en règle ou de<br />
demandeurs d’asile au moment d’une<br />
tentative de traverser la frontière vers un<br />
autre pays de l’UE.<br />
Communiqué de presse de la PAF roumaine,<br />
24/03/2009. Les policiers aux frontières des<br />
Maramures ont retenu un groupe de migrants<br />
formé de douze Afghans qui ont traversé<br />
illégalement la frontière de l’Ukraine vers<br />
la Roumanie en traversant la rivière Tisa<br />
[nord de la Roumanie] à l’aide d’un bateau<br />
pneumatique. Pour retenir le groupe, les<br />
policiers aux frontières ont dû effectuer six<br />
tirs d’avertissement. Lors de ces actions, trois<br />
passeurs roumains ont été interpellés.[…] Les<br />
autorités ukrainiennes ont été immédiatement<br />
informées et elles ont pu retenir par la suite,<br />
sur leur territoire, cinq autres ressortissants<br />
afghans qui faisaient partie du même groupe.<br />
Communiqué de presse de la PAF roumaine,<br />
21/08/2009. Le 20 août à 20h, les policiers<br />
aux frontières du Secteur Petea [nord-ouest<br />
de la Roumanie], lors d’une mission de<br />
surveillance de la frontière dans une voiture<br />
équipée de thermo-vision, ont observé deux<br />
personnes qui se déplaçaient à travers champs<br />
vers la frontière avec la Hongrie. Suspectant<br />
que ces personnes sortaient illégalement de<br />
16. . Idem.<br />
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