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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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Le réseau <strong>Migreurop</strong><br />

Créé en 2002, <strong>Migreurop</strong> est un réseau d’associations, de militants et de chercheurs de divers pays<br />

d’Europe, du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et du Proche-Orient dont l’objectif est d’identier,<br />

de faire connaître, et de combattre les textes et les pratiques de l’Union européenne (UE) destinés à<br />

mettre à l’écart ou à tenir à distance les étrangers jugés indésirables. C’est depuis 2005 une association<br />

de droit français, avec un site : www.migreurop.org/<br />

A l’origine du réseau, se situe l’inquiétude de plusieurs militants après l’annonce de la fermeture<br />

du centre de Sangatte (nord-ouest de la France) qui, de 1999 à 2002, fut une expression des politiques<br />

croissantes de connement des ressortissants de pays hors UE dans des zones de non droit ou<br />

de droit limité, loin des regards de la société. Désigné comme « camp » par <strong>Migreurop</strong>, ce centre<br />

ouvert, qui servit pendant trois ans de tremplin pour le passage en Angleterre de dizaines de milliers<br />

de migrants et demandeurs d’asile, semblait en eet emblématique des politiques qui se répandaient<br />

en Europe, à base d’enfermement administratif des personnes, au moment de leur arrivée sur le sol<br />

de l’UE, ou bien en attendant leur expulsion. Le réseau a alors produit une Carte des camps d’étrangers<br />

en Europe, régulièrement mise à jour – depuis lors suivie de divers rapports et publications et d’un<br />

Atlas des migrants en Europe (voir le site).<br />

Pour <strong>Migreurop</strong>, la notion de « camp » dépasse la seule image du lieu fermé, ceinturé de murs,<br />

grilles et barbelés, qui en demeure néanmoins le prototype. A l’intérieur des frontières de l’UE, les<br />

camps d’étrangers orent nombre de formules : soit des vraies prisons, soit des « centres de rétention<br />

» échappant souvent à l’autorité de la justice, soit des centres d’identication ou des zones<br />

d’attente pour immigrants à l’arrivée, soit encore des centres fermés ou ouverts pour demandeurs<br />

d’asile, soit enn des lieux de regroupement d’urgence plus ou moins spontanés de personnes chassées<br />

de partout, eux-mêmes de nature variée, selon leur statut plus ou moins reconnu vis-à-vis des<br />

Etats et des organisations humanitaires (centres d’accueil, de transit, d’hébergement, mais aussi ghettos,<br />

jungles, squats, tranquilos, etc.) Tous ces lieux destinés ont en commun le fait que leurs occupants<br />

ne disposent en général d’autre choix que de s’y trouver.<br />

Cependant, le « camp » peut devenir un simple processus immatériel d’errance sans n, une sorte<br />

d’assignation à non-résidence quand, de plus en plus, des étrangers sont dispersés en vue d’éviter<br />

la création de nouveaux « abcès de xation ». Le harcèlement policier, la destruction incessante des<br />

abris de fortune et l’obligation d’invisibilité font alors oce de barreaux et dénissent un mouvement<br />

perpétuel d’exilés que les sociétés européennes se refusent à voir et accueillir. C’est ainsi que des<br />

personnes protégées contre l’expulsion par leur âge, leur statut, leur nationalité, voire par l’action des<br />

ONG d’aide aux étrangers, sont mises sur orbite aux marges des frontières de l’Europe.<br />

Aux marges et aussi au-delà des frontières, car les gouvernements européens prolongent dans un<br />

nombre croissant de pays limitrophes, et parfois plus loin encore, leur politique de mise à distance<br />

voire d’enfermement des étrangers. Dès 2003, <strong>Migreurop</strong> a placé au cœur de ses préoccupations le<br />

processus d’« externalisation » – un terme emprunté au vocabulaire économique – par lequel les pays<br />

de l’UE en sont venus à sous-traiter la surveillance des mouvements de personnes aux « États tiers »,<br />

enjoints soit de stopper les migrations à la source ou en chemin, soit de réadmettre les expulsés<br />

qui viennent de leur territoire ou l’ont traversé. Ainsi, des candidats à la migration se trouvent pris<br />

comme dans une nasse dans des lieux dont ils ne sont pas toujours les ressortissants, tandis que les<br />

dirigeants de ces pays tampons en viennent à former une véritable deuxième frontière au service de la<br />

xénophobie européenne, édiant à leur tour des camps ou des zones pour interner les « fraudeurs »,<br />

et modiant éventuellement leurs lois dans un sens contraire aux traités internationaux qu’ils ont<br />

signés, pour lesquels « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien ».<br />

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