Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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système de transferts d’un centre de rétention<br />
à l’autre se met en place en vue de rendre les<br />
personnes moins visibles et de les décourager<br />
19 .<br />
L’ouverture d’un nouveau type de centre,<br />
les « screening centres » est prévue à la frontière<br />
orientale terrestre et maritime. Dans<br />
ces screening centres (littéralement « centres<br />
de ltrage) 20 , les migrants seront enregistrés<br />
et classés en diérentes catégories : demandeurs<br />
d’asile, personnes vulnérables (mineurs,<br />
femmes, victimes de violences), personnes en<br />
voie d’expulsion. Le séjour maximal prévu est<br />
de quinze jours. A l’issue de ces quinze jours,<br />
si l’individu est reconnu comme vulnérable<br />
ou comme demandeur d’asile, il sera placé<br />
en centre d’accueil ouvert (il est à noter que<br />
jusqu’à présent, la construction de ces dernières<br />
structures n’est pas commencée). Quant<br />
au choix de l’emplacement des screening centres,<br />
déterminé par un comité d’experts, les<br />
régions pressenties sont les suivantes : les îles<br />
de Samos, Lesbos et Chios, Evros, le Dodécanèse,<br />
Athènes, Patras, Igoumenitsa, essalonique,<br />
Vólos, et enn la Crète.<br />
Les expulsions organisées par Frontex<br />
L’agence Frontex est présente en Grèce<br />
depuis 2005. La mission de coopération intergouvernementale<br />
Poséidon opère notamment<br />
dans les îles de la mer Egée. Le but de la mission<br />
est d’identier les personnes interceptées.<br />
Ce travail d’identication est également prévu<br />
dans les screening centres an de déterminer<br />
la « véritable » origine de la personne enregistrée,<br />
qui sera déterminante dans le choix<br />
d’expulser ou non cette personne. Le rôle de<br />
Frontex, qui se renforce dans la région, est<br />
complété par des opérations d’expulsion des<br />
19. Voir le chapitre sur la frontière adriatique Italie-<br />
Grèce.<br />
20. La traduction littérale du nom grec de ces centres<br />
serait : « Centres de premier accueil pour des étrangers<br />
entrant en Grèce sans les formalités légales ».<br />
migrants : c’est le but de la mission Chronos,<br />
qui a débuté en 2010 21 .<br />
La Grèce a participé à quatre vols communs<br />
en 2009 ; ces vols avaient fait escale<br />
dans diérents Etats membres avant de s’arrêter<br />
également à Athènes. 164 personnes ont<br />
été expulsées lors de ces opérations, en direction<br />
du Nigeria et de la Géorgie.<br />
Témoignage. A la fin de 2009, un groupe<br />
d’Afghans s’est vu attribuer la nationalité<br />
iranienne en vue de leur expulsion en vertu de<br />
l’accord de réadmission Grèce-Turquie.<br />
Autour des 8-10 décembre 2009 nous étions<br />
environ 20 personnes à quitter les côtes<br />
turques : 13 Afghans, 3 Arabes et 3 autres<br />
dont je ne connais pas l’origine. Nous sommes<br />
arrivés sur l’île de Samos en Grèce, et nous<br />
sommes allés voir la police. Des policiers,<br />
sans traducteurs, nous ont fait signer des<br />
papiers. Nous avons donné nos noms et déclaré<br />
notre nationalité. Personnellement, j’ai dit<br />
que j’étais Afghan et que j’avais 18 ans, la<br />
police m’a enregistré comme ayant 19 ans.<br />
Un traducteur est venu juste après et nous<br />
a dit que les papiers que nous devions signer<br />
étaient des papiers pour être libérés. Nous<br />
sommes restés au centre de Samos pendant<br />
37 jours. Ensuite nous avons été transférés au<br />
centre de détention d’Athènes (Petrou Rali)<br />
et ensuite au centre de Venna. Un matin très<br />
tôt, ils nous ont mis dans un bus et nous ont<br />
amenés à la rivière d’Evros, à la frontière<br />
turque. Là ce sont les policiers turcs qui sont<br />
arrivés de l’autre côté de la rivière. Ils ont<br />
commencé à demander à chacun d’entre nous :<br />
« Originate ? ». Nous avons répété plusieurs<br />
fois : « Afghanistan ! ». Ils ne nous ont pas<br />
acceptés et nous avons été renvoyés au centre<br />
de Venna par la police grecque. M., Afghan<br />
Du côté turc<br />
Le 4 décembre 2009, une rencontre à<br />
Ankara entre la Turquie et les membres de la<br />
Commission européenne marquait le début<br />
d’une nouvelle étape dans les négociations en<br />
vue de la signature d’un accord de réadmission<br />
entre l’UE et la Turquie. Depuis 2002, la<br />
Commission, mandatée par le Conseil, ten-<br />
21. Déclaration de Ilkka Laitinen, directeur de Frontex.<br />
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