Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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droits. Par leurs connaissances et leur force<br />
de revendication, ils contribuent à renforcer<br />
l’action des ONG locales, qui commencent à<br />
s’intéresser au sort des demandeurs d’asile et,<br />
dans une moindre mesure, des sans-papiers.<br />
V - Mobilisations<br />
embryonnaires<br />
En Pologne, la situation des migrants reste<br />
peu connue et les mobilisations des migrants<br />
et demandeurs d’asile ou de leurs soutiens ont<br />
peu d’écho. Hormis les grèves de la faim des<br />
réfugiés géorgiens du centre de rétention de<br />
Biala-Podlaska en août 2009 et le mouvement<br />
des réfugiés à Radom en décembre 2009, les<br />
actions n’ont presque jamais été médiatisées.<br />
Mobilisations des réfugiés en Pologne<br />
en décembre 2009 64<br />
Le 15 décembre 2009, des réfugiés, majoritairement<br />
des ressortissants d’Ingouchie et de<br />
Tchétchénie, ainsi que de Géorgie, ont quitté<br />
le centre d’accueil à Radom et pris le train avec<br />
l’intention d’aller protester contre les mauvaises<br />
conditions d’accueil auprès de la CEDH à<br />
Strasbourg. Dénoncés par les contrôleurs puis<br />
immobilisés à la frontière allemande, ils ont<br />
refusé de descendre et déployé aux fenêtres<br />
leurs banderoles : « SOS », « We are people »<br />
et « Stop beating oppressioned ». Finalement,<br />
ils ont pour la plupart été emmenés dans un<br />
centre de transit à Debak en Pologne centrale,<br />
puis répartis entre centres d’accueil et<br />
de rétention (pour les déboutés antérieurs de<br />
leur demande d’asile). Une grève de la faim a<br />
eu lieu pour demander la libération des retenus,<br />
l’amélioration des conditions d’accueil,<br />
la simplication du traitement des demandes<br />
64. Kalucki Jaroslaw, « Uchodzcy opuscili pociag » (« Les<br />
réfugiés ont quitté le train »), Rzeczpospolita Polska,<br />
15/12/2009 ; Report on border situation in Zgorzelec<br />
border crossing, Halina Niec Legal Aide Center,<br />
18/12/2009.<br />
d’asile et des excuses publiques de la part du<br />
président Kaczynski.<br />
Cette mobilisation a attiré l’attention du<br />
commissaire des droits des citoyens polonais,<br />
qui a visité en décembre 2009 les centres<br />
ouverts de Debak et Radom. D’après l’agence<br />
de presse PAP 65 , le commissaire entend analyser<br />
au cas par cas les décisions an de savoir<br />
pourquoi il y a autant de rejets de demandes<br />
d’asile en Pologne. Les résultats de cette étude<br />
ne sont pas encore connus.<br />
Témoignage. On est venus en Pologne il y<br />
a deux ans. [Puis deux décisions de rejet et<br />
départ précipité pour l’Autriche.] Mais, en<br />
République tchèque, la police nous a arrêtés.<br />
Ils nous ont enfermés dans un centre de<br />
rétention pendant un mois. Je dois dire, quand<br />
même, que c’était propre et bien équipé. On<br />
avait deux chambres à notre disposition :<br />
dortoir, salon et les toilettes. En Pologne,<br />
on n’a jamais vécu dans de telles conditions.<br />
Mais, on y était enfermés. […] Un mois plus<br />
tard, on a été transférés à Debak. Ici, il n’y a<br />
rien, on est en pleine forêt, on attend je ne<br />
sais pas quoi. Je suis malade, j’ai eu un AVC.<br />
J’ai un enfant handicapé des jambes. On vit<br />
dans une chambre à treize. On n’a plus droit<br />
aux aides sociales, les enfants ne peuvent pas<br />
aller à l’école parce qu’on n’a plus d’argent<br />
pour acheter les tickets de bus. Les gens ici<br />
nous traitent comme des chiens, ils nous<br />
disent : « Pourquoi vous êtes venus ici alors ?<br />
Personne ne vous a invités. » Avec mon mari,<br />
on est toujours en grève de la faim, j’ai un<br />
grand sac de conserves et on ne mange que<br />
ca. La direction nous a dit qu’ils n’allaient<br />
pas s’occuper de nous. Ils ne prennent pas<br />
en compte ce qu’on demande et ils ne nous<br />
prennent pas au sérieux. Ils disent qu’on<br />
est dans « une maison de fous » et ils nous<br />
traitent comme si on était malades. Aichata et<br />
Rousdan, d’origine tchétchène avec leurs cinq<br />
enfants.<br />
VJ, PN<br />
65. PAP, « RPO kontroluje osrodki w Radomiu i<br />
w Debaku » (« RPO contrôle les centres à Radom<br />
et à Debak »), 21/12/2009. www.rpo.gov.pl/<br />
pliki/12614050720.pdf<br />
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