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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />

teurs de l’action (trois jeunes mineurs) ont été<br />

poursuivis.<br />

Les événements de Lomza illustrent comment<br />

des conits entre demandeurs d’asile et<br />

habitants de longue date peuvent se produire<br />

dans un contexte de dicultés économiques,<br />

quoique le camp de Lomza soit le seul en<br />

Pologne à faire l’objet d’une pétition. En janvier<br />

2009, un camp ouvert à Katowice (capitale<br />

de la Voïvodie de Silésie) a été fermé à<br />

la demande, cette fois-ci, des syndicats locaux<br />

an d’empêcher les conits entre les demandeurs<br />

d’asile (majoritairement d’origine tchétchène)<br />

et les habitants du quartier. Les syndicats<br />

arguent que la présence des demandeurs<br />

d’asile contribue à la précarisation du quartier,<br />

déjà très pauvre. Les autorités municipales<br />

ont soutenu cette demande.<br />

Demandeurs d’asile pauvres,<br />

passez votre chemin<br />

(Roumanie)<br />

La demande d’asile, parcours du combattant<br />

En Roumanie, la demande d’asile est un<br />

véritable parcours du combattant, qui reète<br />

aussi les dicultés généralisées de la vie quotidienne,<br />

et nombreux sont ceux qui quittent<br />

la procédure et partent dans un autre pays,<br />

découragés.<br />

D’une part, les conditions de vie des<br />

demandeurs d’asile sont très diciles. L’État<br />

pourvoit certes à leur hébergement dans un<br />

des cinq centres du pays mais les 25 € alloués<br />

par mois ne susent pas aux autres dépenses.<br />

D’autre part, si la phase administrative est<br />

relativement rapide, l’ocier de protection<br />

devant se prononcer sous 30 jours 63 , il n’en va<br />

pas de même de la phase judiciaire (recours<br />

contre la décision de rejet). Les audiences sont<br />

très souvent reportées, notamment du fait de<br />

l’absence d’interprète. Ou bien les Tamouls<br />

63. Loi n° 122/2006 (art. 52). Ces 30 jours sont<br />

renouvelables une fois « si des documents supplémentaires<br />

sont nécessaires » pour examiner la demande d’asile.<br />

ont des interprètes cinghalais, et les Kurdes<br />

des interprètes turcs, et s’ils refusent de parler<br />

en leur présence, la recherche d’un interprète<br />

adéquat peut prendre des mois. Enn,<br />

la procédure d’asile est de type civil. Si le juge<br />

octroie une forme de protection, l’ORI a la<br />

faculté de faire appel de cette décision. Dans<br />

les faits, selon ce que nous a dit une juriste,<br />

cet appel est systématique.<br />

« Tolérés » et c’est tout<br />

Le statut de « toléré » est délivré par l’ORI<br />

aux étrangers en situation irrégulière qui ne<br />

peuvent pas être éloignés, en général après<br />

une période de six mois de rétention pendant<br />

laquelle il n’a pas été possible de procéder à<br />

leur éloignement. Il a une durée maximale<br />

de six mois renouvelables. Ce « statut », qui<br />

vise à assigner son bénéciaire à résidence sur<br />

une partie restreinte du territoire roumain, est<br />

vide de tout droit : en ce sens, ce n’est pas un<br />

statut mais un non-statut. Les autres États de<br />

l’UE qui délivrent une « tolérance » (Pologne,<br />

Slovaquie, République tchèque et Allemagne)<br />

octroient tous plus de droits que le non-statut<br />

roumain, qui condamne son bénéciaire à la<br />

précarité : travail au noir, diculté à trouver<br />

un logement hors du secteur associatif, conditions<br />

de vie dégradantes, accès aux soins très<br />

réduit.<br />

Les « tolérés » peuvent ainsi vivre de longues<br />

années sous ce statut sans perspective<br />

d’acquérir de véritables droits. En eet, la loi<br />

roumaine sur les étrangers précise que « le<br />

statut de toléré […] peut être prolongé […]<br />

jusqu’à la disparition des causes », c’est-à-dire<br />

jusqu’à ce que le retour du toléré dans son<br />

pays soit possible. Mais pour certaines personnes,<br />

ce retour est impossible.<br />

Dans ce contexte, l’insertion des migrants<br />

dans leur société d’accueil est ardue et tous<br />

ne parviennent pas à s’y stabiliser. Si certains<br />

choisissent de partir, dans l’espoir de trouver<br />

ailleurs des conditions de vie meilleures ou<br />

d’obtenir un titre de séjour, d’autres restent et<br />

s’organisent peu à peu pour revendiquer leurs

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