Migreurop - Fondation Jean-Jaurès
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Mers ionienne et adriatique : retours forcés entre Italie et Grèce<br />
III - Enfermement<br />
1. Aux frontières et en<br />
mer : zones de non-droit<br />
Dans la région des ports grecs de l’Adriatique,<br />
où des centaines de migrants tentent de<br />
se cacher dans ou sous les camions en partance<br />
pour l’Italie, il existe de nombreux lieux de<br />
détention ou des camps qui se sont constitués<br />
en raison de leur position stratégique. Parmi<br />
ceux-ci, existent des « camps » en quelque<br />
sorte autogérés, où la privation de liberté n’est<br />
pas due à la présence de gardes, de murs ou de<br />
barbelés, seuls lieux où les migrants peuvent<br />
s’arrêter sans risquer contrôles et interpellations<br />
arbitraires. Le camp de Patras, devenu<br />
tristement célèbre en 2008 puis démantelé<br />
par une brutale opération de police en juillet<br />
2009, en est un exemple emblématique. On<br />
pourrait presque le considérer comme une<br />
enclave italienne en territoire grec, car les<br />
milliers de personnes qui y sont passées voulaient<br />
toutes aller en Italie, de même que les<br />
migrants cachés dans les montagnes autour<br />
d’Igoumenitsa. Ces zones sont partie intégrante<br />
de la frontière italo-grecque, et n’existent<br />
que par le désir des migrants de traverser<br />
cette frontière.<br />
En mer, entre les côtes grecques et italiennes,<br />
les migrants n’échappent pas à la détention<br />
: ceux qui sont découverts par l’équipage<br />
durant la traversée vers l’Italie sont enfermés<br />
dans des locaux affectés à cet usage. Nous<br />
avons appris de la responsable du CIR d’Ancône<br />
que de tels locaux existent ociellement<br />
sur les ferries pour les renvoyés d’Italie en<br />
Grèce. Deux des trois compagnies qui assurent<br />
la ligne, l’Anek et la SuperFast, utilisent<br />
un des salons comme espace d’enfermement,<br />
isolé pendant la traversée par une porte blindée<br />
munie d’un hublot de surveillance. La<br />
Minoan Line a créé une véritable cellule de<br />
détention, au niveau du garage des camions,<br />
constituée d’une cage métallique équipée d’un<br />
unique lit en fer et sans commodités hygiéniques,<br />
où les personnes peuvent rester jusqu’à<br />
24 heures sans boire ni manger. Ventouris<br />
Ferries a transformé en lieux de détention des<br />
toilettes d’environ 2,5 mètres carrés où peuvent<br />
être placées jusqu’à six personnes.<br />
Lors des refoulements, les migrants sont<br />
« conés au commandant » jusqu’à ce qu’ils<br />
soient « remis » à la police grecque. Comme<br />
dans toutes les situations où la privation de<br />
liberté n’est pas fondée sur une procédure<br />
pénale, l’arbitraire règne : les gens sont enfermés,<br />
avec ou sans distribution d’eau et de<br />
nourriture pendant un voyage qui dure de<br />
20 à 35 heures, menottés parfois, voire battus,<br />
et l’on retrouve ces situations au l des<br />
interviews, tout comme dans les déclarations<br />
de ceux qui ont déposé un recours devant la<br />
CEDH.<br />
Dans les zones portuaires, les détenus sont<br />
gardés dans des espaces non réglementaires,<br />
à l’intérieur du terminal ou dans les locaux<br />
des douanes, dans des conteneurs ou des bâtiments.<br />
L’internement peut y être prolongé<br />
pendant des jours ou des mois sans aucune<br />
décision de justice.<br />
2. Enfermement en Italie<br />
Ancône<br />
Dans la zone portuaire d’Ancône il n’y a<br />
pas de zone réservée à la détention des irréguliers.<br />
Comme les contrôles se passent à quai<br />
ou sur les ferries avant l’accostage, il est rare<br />
que des « clandestins » soient surpris dans l’enceinte<br />
portuaire après le débarquement. Reste<br />
à savoir où sont enfermés ceux qui auraient<br />
été interceptés pendant les contrôles dans la<br />
zone douanière ; on ne dispose pas d’informations<br />
précises permettant de savoir qui sont<br />
les « clandestins » arrêtés hors de l’enceinte<br />
(près de la gare par exemple). Les mineurs,<br />
avant un éventuel examen anthropométrique<br />
(radio du poignet), sont conés aux structures<br />
de la ville d’Ancône, mais on ne sait rien