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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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nitsa pour qu’ils ne puissent pas revenir après<br />

leur libération » nous disait encore le préfet de<br />

police d’Igoumenitsa (cf. supra).<br />

Les screening centers qui seront créés à<br />

Patras et Igoumenitsa sont prévus pour permettre<br />

l’identication et la catégorisation des<br />

migrants en situation irrégulière 18 . Les groupes<br />

vulnérables et ceux qui ont le droit de<br />

demander l’asile seront envoyés dans des centres<br />

ouverts administrés par le Ministère de la<br />

Santé, mais la construction de tels camps n’est<br />

pas prévue à court terme. Les individus « à<br />

rejeter » seront renvoyés dans des centres fermés,<br />

en attente de la procédure d’expulsion.<br />

Conclusion révélatrice du secrétaire d’Etat à<br />

la Protection civile sur la logique de création<br />

de tous ces centres sur la frontière adriatique :<br />

« Tout particulièrement à Patras, nous avons<br />

réussi à décourager durablement les personnes<br />

qui tentent de se regrouper pour atteindre<br />

l’Italie. Les contrôles ont été renforcés afin<br />

d’empêcher les sorties illégales du port. »<br />

IV - Des situations<br />

cruelles<br />

1. En Grèce<br />

C’est souvent en Grèce que, pour la première<br />

fois en Europe, les migrants de passage<br />

reçoivent la qualification de « en situation<br />

irrégulière », et c’est à ce moment précis que<br />

cela prend tout son sens : les voici coincés,<br />

« stuck in limbo », dans un pays où le taux<br />

de reconnaissance du statut de réfugié reste<br />

le plus bas d’Europe, voisin de 0%. L’attente,<br />

l’errance et la violence caractérisent leur situation.<br />

18. Dans un communiqué, le secrétaire d’Etat à la<br />

Protection civile répond ainsi à un article de la presse<br />

locale : « Un tel centre à Patras, même s’il est nécessaire,<br />

est seulement temporaire et destiné à mieux connaître<br />

la population migrante qui y vit dans des conditions<br />

misérables. »<br />

À Patras, après la démolition du campement<br />

afghan, les raes policières se sont multipliées,<br />

renforçant l’insécurité. Des rafles<br />

surviennent également dans les squats des<br />

Africains : le 24 mars 2010, la police a mené<br />

une grande « opération coup de balai » arrêtant<br />

environ 70 migrants. Dans la « jungle »,<br />

qui s’étale sur six kilomètres, il est interdit<br />

de construire des habitations de fortune ;<br />

la police vient régulièrement détruire toute<br />

construction qui semble durable. Notre visite<br />

sur le terrain a eu lieu en plein hiver, à la<br />

période des pluies. Nous avons rencontré un<br />

mineur de 16 ans et son père, dont l’abri avait<br />

été détruit la veille. Le collectif local de solidarité<br />

et les associations ne peuvent pas pénétrer<br />

dans cette zone. Il est dicile de connaître<br />

une population qui se cache, les associations<br />

ne savent ni combien de personnes sont restées<br />

ou arrivées depuis, ni comment les localiser<br />

aisément.<br />

Les autorités pratiquent la dissuasion pour<br />

rendre les migrants invisibles ; les patrouilles<br />

policières les empêchent de se réunir dans les<br />

espaces publics de la ville. Depuis peu, ils parlent<br />

de violences exercées par les propriétaires<br />

des stations services proches de la jungle. Un<br />

mineur afghan rencontré au parc de Patras<br />

témoigne qu’il a été attaqué par leurs chiens.<br />

Violences policières à<br />

Igoumenitsa<br />

De nombreux cas de personnes ayant subi<br />

des violences de la part de la police et de la<br />

garde côtière ont été rapportés.<br />

Témoignages. J’ai essayé de monter sur un<br />

ferry avec une corde. Les policiers m’ont<br />

vu et ont tenté de m’en empêcher. Ils ont<br />

commencé à me jeter des objets, puis ils ont<br />

réussi à me faire tomber et je me suis blessé<br />

à la jambe. Je suis resté dix jours à l’hôpital,<br />

puis les médecins m’ont dit que je devais<br />

<br />

de prescription de médicaments. Je souffre<br />

beaucoup, surtout pendant la nuit. Marocain,<br />

Igoumenitsa, 01/2010.<br />

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