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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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86<br />

Mers ionienne et adriatique : retours forcés entre Italie et Grèce<br />

Jour. : Il est renvoyé ?<br />

Cir : Non… j’ai fait tout ce que j’ai pu, mais<br />

il répétait toujours maison, travail, maison,<br />

travail… il n’a jamais parlé de…<br />

Jour. : Alors la parole magique n’est pas<br />

sortie ?<br />

Cir (doucement) : Non…<br />

4. Le retour forcé en<br />

Grèce<br />

Concernant les éloignements dans cette<br />

zone, on peut distinguer trois procédures :<br />

– refoulement d’Italie ou de la mer Adriatique<br />

vers les ports grecs ;<br />

– renvoi vers la Grèce dans le cadre du<br />

règlement Dublin II ;<br />

– transfert d’un centre de détention à un<br />

autre.<br />

Le vocabulaire est trompeur : la plupart<br />

des demandeurs d’asile ont fait l’expérience<br />

de ce que les autorités italiennes appellent les<br />

« réadmissions », eectuées en application de<br />

l’accord Grèce-Italie, et dont les eets sont<br />

les mêmes que ceux des renvois en application<br />

de Dublin II.<br />

Un grand nombre de réadmissions surviennent<br />

en dehors de tout contexte légal<br />

; elles concernent des personnes arrêtées à<br />

l’extérieur des zones portuaires italiennes, ou<br />

en mer durant le voyage, et qui sont empêchées<br />

de déposer une demande d’asile une<br />

fois sur le sol italien. Selon le préfet de police<br />

d’Igoumenitsa, 10 à 40 personnes sont réadmises<br />

chaque jour à partir de l’Italie. Le préfet<br />

de Patras arme que, depuis novembre<br />

2009, le nombre d’expulsés a diminué.<br />

Nous avons-nous-mêmes observé qu’un<br />

grand nombre de personnes détenues dans<br />

des locaux de détention à Igoumenitsa<br />

avaient été réadmises, tout comme la plupart<br />

de celles que nous avons rencontrés<br />

dans les squats d’Igoumenitsa et de Patras.<br />

« J’ai été envoyé à Athènes en application du<br />

règlement Dublin II. J’étais si désespéré que<br />

je ne suis pas sorti pendant un mois. Une<br />

fois à Igoumenitsa, pendant les 50 premiers<br />

jours j’ai réussi à arriver en Italie six fois, et<br />

à chaque fois j’ai été renvoyé vers la Grèce.<br />

J’ai perdu l’espoir, et à ce moment-là on m’a<br />

demandé si je voulais rester ici et travailler.<br />

J’ai accepté et j’ai commencé un travail dans<br />

le commerce » 10 .<br />

L’errance en Europe des migrants est<br />

due en partie au règlement Dublin II, outil<br />

essentiel pour limiter la « porosité » des frontières<br />

internes de l’Europe.<br />

La Grèce, pays par lequel les migrants<br />

arrivent en Europe, reçoit un grand nombre<br />

de « dublinés ». C’est aussi un pays où<br />

le règlement Dublin II peut maintenant être<br />

modié par une loi. Les accords de réadmission<br />

négociés avec les pays tiers permettent<br />

de marginaliser l’importance des expulsions<br />

prévues par Dublin II, cela d’autant plus que<br />

l’externalisation du contrôle aux frontières<br />

européennes hors de l’UE diminue la pression<br />

sur les pays européens atteints en premier.<br />

Près de la moitié des personnes rencontrées<br />

à Igoumenitsa et Patras ont été victimes<br />

de Dublin II, au point qu’on pourrait baptiser<br />

le parc proche du port de Patras « parc des<br />

dublinés ». Y séjournaient lors de notre visite<br />

une vingtaine d’Africains, beaucoup d’autres<br />

y passaient. Toutes les personnes rencontrées<br />

là ont été expulsées vers la Grèce depuis la<br />

Norvège, l’Allemagne, la France, l’Angleterre,<br />

l’Autriche, et avaient déjà un « papier<br />

rose » valide ou périmé. « Je suis arrivé en<br />

Grèce, à Pagani, et j’ai été enregistré comme<br />

afghan de 25 ans, alors que je suis un kurde<br />

iranien de 16 ans. Je suis arrivé en Angleterre,<br />

où je suis resté deux ans jusqu’à mon<br />

transfert à Pagani à l’âge de 18 ans. J’avais<br />

tout en Angleterre, j’allais à l’école, j’avais<br />

une fiancée, tout. » Il regarde le drapeau<br />

anglais et dit : « Quelle belle image ! » 11<br />

10. Kurde irakien, Igoumenitsa, février 2010.<br />

11. Kurde iranien, Igoumenitsa, février 2010.

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