26.06.2013 Views

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

des majeurs. Il est cependant probable qu’ils<br />

sont envoyés dans des centres d’identication<br />

et d’expulsion (CIE), ou réembarqués pour la<br />

Grèce.<br />

Les entretiens menés par le personnel du<br />

CIR se déroulent de plus en plus souvent<br />

dans les salles d’embarquement : en l’absence<br />

de structures adaptées à la détention, celles-ci<br />

font donc oce de zone de détention provisoire<br />

puisque, pendant les opérations de chargement<br />

et de déchargement, les irréguliers<br />

arrêtés y sont enfermés et interrogés.<br />

Sur les 800 migrants interrogés par le CIR<br />

en 2009 (représentant environ la moitié des<br />

personnes arrêtées), seuls un peu plus de 150<br />

ont pu déposer une demande de protection<br />

ou ont été accueillis dans les structures municipales.<br />

Une partie des personnes arrêtées en<br />

situation irrégulière ne débarque pas sur le sol<br />

italien, mais est retenue à bord des ferries. Une<br />

partie est vue par les agents du CIR. Après<br />

l’entretien, si il y a lieu, la police procède au<br />

refoulement, tandis qu’un nombre indéterminé<br />

(390 en 2009, selon des chiffres officieux)<br />

reste à bord des ferries dans des espaces<br />

spécialement destinés à l’isolement, avant<br />

refoulement. Cette phase obscure des opérations,<br />

où contrôle, refoulement et détention<br />

se fondent en un unique processus et dans<br />

le même lieu, fait qu’il est impossible de se<br />

rendre compte, sauf à travers les témoignages<br />

recueillis en Grèce, des mauvais traitements<br />

qui pourraient être inigés par les forces de<br />

l’ordre ou les agents de sécurité.<br />

Venise<br />

Comme dans les autres ports italiens de<br />

l’Adriatique, les migrants sont détenus le<br />

temps de les remettre sur le navire par lequel<br />

ils sont arrivés. Fin 2008, les contrôles et les<br />

identifications sommaires (consignés dans<br />

les procès-verbaux remis au commandant du<br />

bateau) avaient semble-t-il lieu dans un cabanon<br />

du port ou dans le bureau de la police ;<br />

depuis 2009, ils se déroulent à l’intérieur du<br />

terminal, près du quai.<br />

Il est arrivé que, comme dans le cas des<br />

familles arrivant en voiture et presque toutes<br />

refoulées en juin 2009 (cf. supra), des personnes<br />

aient été retenues dans la zone portuaire,<br />

y compris durant la nuit, pour être ensuite<br />

réembarquées sur un autre bateau que celui<br />

qui les avait amenées.<br />

3. Enfermement en Grèce<br />

Le préfet de police d’Igoumenitsa, interrogé<br />

sur la concentration d’une population<br />

précaire dans sa ville, a répondu : « Ce dont<br />

nous avons le plus besoin, ce sont des centres<br />

de rétention » 13 . Pour lui, la rétention,<br />

c’est fournir une aide, un lieu chaué pour la<br />

nuit. En Grèce, l’enfermement sous prétexte<br />

de protection humanitaire est la réponse des<br />

autorités à la demande de respect des droits<br />

humains fondamentaux.<br />

Être un migrant en situation irrégulière est<br />

une raison susante pour être arrêté et détenu<br />

dans l’attente d’une expulsion, sans qu’il<br />

soit tenu compte de facteurs comme la situation<br />

dans le pays d’origine ou l’âge 14 . Une fois<br />

la décision prise, les migrants restent détenus<br />

jusqu’à la date théorique de l’expulsion. Dans<br />

la plupart des cas, l’expulsion n’a pas lieu, et le<br />

migrant est libéré avec ordre de quitter le pays<br />

sous un mois. Cet ordre est transcrit dans la<br />

langue du migrant sur une « carte blanche »,<br />

document qui devient l’équivalent d’un titre<br />

de séjour (au moins pour trente jours) et est<br />

considéré comme un précieux sésame pouvant<br />

éventuellement (mais, en pratique, pas<br />

toujours) protéger contre une nouvelle détention<br />

et l’expulsion eective. Ainsi, si la loi ne<br />

prévoit la détention des migrants en situation<br />

13. Préfet V. Miaris, le 25/10/2010.<br />

14. La loi n° 3386 de 2005 permet la détention des<br />

migrants en situation irrégulière en attente d’expulsion,<br />

en particulier si l’étranger est « suspecté de fugue ou<br />

considéré dangereux pour l’ordre public ». Cf. Eleni<br />

Spathana, ematic national legal study on rights of irregular<br />

immigrants in voluntary and involuntary return procedures.<br />

89

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!