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Migreurop - Fondation Jean-Jaurès

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66<br />

Pologne, Roumanie : être de bons éléments dans l’UE élargie<br />

Renvois dans le cadre de<br />

l’accord de réadmission entre la<br />

Pologne et le Vietnam<br />

Pour des raisons historiques liées aux<br />

échanges entre États socialistes, une communauté<br />

vietnamienne s’est constituée au l du<br />

temps en Pologne et atteint près de 30 000<br />

personnes aujourd’hui. Une partie d’entre<br />

elles sont restées en Pologne en situation irrégulière<br />

et ne parviennent pas à obtenir un<br />

titre de séjour. Selon des juristes intervenant<br />

en centre de rétention, il est dicile d’aider<br />

les Vietnamiens à régulariser leur situation ;<br />

ils sont parfois en Pologne depuis 15-20 ans<br />

et ils ont toujours travaillé sans papiers. Ils<br />

sont arrêtés le plus souvent au « marché de<br />

10 ans » à Varsovie ou dans d’autres places<br />

de marché dans les grandes villes. Il y a aussi<br />

ceux qui arrivent par la Russie, avec un visa<br />

russe. Les personnes qui leur vendent ces visas<br />

leur font croire qu’ils pourront circuler librement<br />

dans l’espace Schengen. Ils arrivent en<br />

eet en Pologne et n’ont même pas peur de se<br />

faire contrôler. En rétention, ils essaient parfois<br />

de demander l’asile. Mais, il est presque<br />

impossible d’obtenir une protection pour ces<br />

migrants 52 .<br />

Un accord de réadmission a été signé<br />

avec le Vietnam en 2004. Selon les dispositions<br />

de cet accord, les autorités vietnamiennes<br />

(consulaires ou diplomatiques) peuvent<br />

intervenir en Pologne pour aider à déterminer<br />

l’identité des personnes sans document en<br />

vue de leur renvoi au Vietnam. La première<br />

visite des fonctionnaires vietnamiens a eu lieu<br />

en 2007. En 2009, quatre visites ont été eectuées<br />

et 57 personnes ont été renvoyées. En<br />

2009, 245 personnes d’origine vietnamienne<br />

ont été déportées, dont 57 sur la base d’une<br />

décision de réadmission, 183 d’une décision<br />

d’expulsion, 3 d’une procédure Dublin et<br />

deux autrement 53 .<br />

52. Entretiens, novembre 2009-mars 2010.<br />

53. Source : statistiques des gardes-frontière.<br />

La direction des gardes-frontière polonais<br />

se défend de faire courir des risques de persécution<br />

aux personnes réadmises au Vietnam,<br />

mais des activistes et des chercheurs s’opposent<br />

ouvertement à cette coopération du gouvernement<br />

polonais avec les autorités vietnamiennes.<br />

Selon le responsable de la section<br />

Extrême-Orient de l’Institut de Paderewski à<br />

Varsovie 54 , beaucoup auraient peur de demander<br />

l’asile car ils seraient alors considérés<br />

comme des ennemis par le gouvernement vietnamien,<br />

et leurs familles au pays pourraient<br />

être menacées ; ils préfèrent donc rester sans<br />

papiers et s’exposent à un retour forcé. Il ajoute<br />

que les fonctionnaires vietnamiens n’identient<br />

que les personnes qui sont entrées ou<br />

sont soupçonnées d’entrer en conit avec les<br />

autorités. Ce type de point de vue est partagé<br />

par l’association Liberté de parole à Varsovie.<br />

Témoignage. Il arrive [au Vietnam], depuis<br />

des années 1990, que la milice te fasse une<br />

proposition : soit tu vas en prison, soit tu pars<br />

à l’étranger. Mais il faut payer 4 000 dollars.<br />

Et tous ces Vietnamiens, quand ils entendent<br />

qu’ils peuvent partir, ils sont contents. Mais,<br />

au Vietnam on gagne on moyenne 20 dollars<br />

par mois, donc les gens doivent s’endetter<br />

pour pouvoir partir. […] Le mécanisme de<br />

remboursement est très long, ... il commence<br />

déjà à Moscou. Les gens vont à Moscou avec<br />

un passeport ou un visa, mais souvent, ils ne<br />

voient même pas ces documents. […] Ils sont<br />

directement pris en charge par une équipe. On<br />

leur prend les bagages, l’argent. Les jeunes<br />

hommes vont travailler sans documents, les<br />

jeunes femmes sont exploitées. […] Depuis plus<br />

de dix ans, c’est comme ça. […] Ils travaillent<br />

à Moscou, en Ukraine ou en Pologne. Leur<br />

voyage continue et il est toujours désastreux.<br />

Ces gens vont en Ukraine dans un bus. Puis, ils<br />

traversent la forêt à pied. Ils sont enfermés<br />

quelque part là bas. Les femmes doivent<br />

travailler déjà pendant le voyage. Quelquesunes<br />

ont voulu témoigner, mais d’autres ne<br />

veulent pas. On estime, que pendant les dix<br />

dernières années, 4 000 Vietnamiens ont<br />

traversé la frontière polonaise dans le cadre<br />

54. R. Krzyszton, Imigranci – goscie czy intruzi<br />

(« Les immigrés – invités ou indésirables ? ») Przeglad<br />

powszechny, n°2, 2009.

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