Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC
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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 108<br />
les <strong>Antilles</strong> françaises ne cherchent pas du tout à former une minorité ethnique<br />
comme dans les <strong>Antilles</strong> anglaises. Ils sont au contraire heureux et fiers d'être<br />
citoyens français au même titre que tous les habitants <strong>des</strong> <strong>Antilles</strong> et ils ne<br />
cherchent pas systématiquement à se maintenir comme un groupe à part. Il n'y a<br />
pas chez nous une question hindoue, comme elle se présente à Trinidad par<br />
exemple, sans parler de la Guyane Britannique.<br />
<strong>Les</strong> problèmes démographiques. – Combien y a-t-il d'habitants à l'heure<br />
actuelle aux <strong>Antilles</strong> françaises et comment peut-on prévoir leur évolution<br />
probable ? J'avoue que je ne puis encore fournir que <strong>des</strong> probabilités sur ce<br />
problème auquel je m'acharne depuis bientôt plus de vingt ans. Je me contenterai<br />
d'exprimer ici de manière succincte mes vues actuelles.<br />
Il est une chose qui m'apparaît d'abord hors de discussion. On ne peut avoir<br />
qu'une confiance très limitée dans la valeur <strong>des</strong> recensements. La séquence même<br />
de leurs chiffres est significative. La Martinique, par exemple, aurait compté<br />
182 024 personnes en 1905, 184 004 en 1910, 244 369 en 1921, 227 698 en 1927,<br />
234 585 en 1931, 224 712 en 1936 et 261 595 en 1946. Par contre, ce dernier<br />
recensement a ramené la population de la Guadeloupe aux alentours de 260 000<br />
habitants, contre les 300 000 qui lui avaient été précédemment attribués. Je ne<br />
veux pas insister sur toutes les raisons qui me rendent largement suspects tous les<br />
recensements officiels opérés jusqu'à présent. Mais je voudrais rappeler que depuis<br />
soixante-dix ans toutes les causes plus ou moins volontaires d'erreurs vont sans<br />
exception dans le même sens, celui de l'augmentation, et qu'on ne saurait parler de<br />
compensation quasi automatique comme il arrive souvent dans d'autres pays.<br />
Je crois fermement que la population de l'une et l'autre île ne dépasse guère à<br />
l'heure actuelle 210 000 personnes réellement vivantes. Je ne veux pas revenir en<br />
détail sur ce que j'ai déjà signalé maintes fois. Je me permets de rappeler au<br />
passage que j'ai quatre moutures différentes du même document demandé à<br />
quelques semaines, puis quelques mois, et enfin quelques années d'intervalle au<br />
même service. Je suis, en fin de compte, fort persuadé que l'observation directe, la<br />
connaissance <strong>des</strong> hommes chargés de tenir les registres d'actes de naissance et de<br />
décès, apportent souvent plus de connaissances valables que les chiffres euxmêmes.<br />
En gros, voici quels sont à peu près mes sentiments à l'heure présente. <strong>Les</strong><br />
chiffres de naissances donnés par les statistiques m'apparaissent à peu près exacts<br />
et correspondent à une natalité très forte de 35 à 40 p. 1000 en moyenne, ce qui<br />
coïncide d'ailleurs avec ce qui se passe dans le reste du monde caraïbe. Cela<br />
s'explique aisément On ne connaît à peu près pas la limitation volontaire <strong>des</strong><br />
naissances, sauf dans <strong>des</strong> milieux fort restreints et <strong>des</strong> cas très particuliers. La lutte<br />
victorieuse contre un certain nombre d'affections a diminué dans <strong>des</strong> proportions<br />
sensibles le nombre <strong>des</strong> mort-nés et tend à prolonger la période de fécondité <strong>des</strong><br />
femmes qui, il y a une vingtaine d'années, pouvait être considérée comme