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Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 37<br />

quelques conséquences. À partir de 1 500 m, il fait souvent quelques degrés à<br />

peine au lever du soleil et les gelées ne sont plus inconnues. Légumes et plantes<br />

d'Europe poussent admirablement. <strong>Les</strong> fougères de la forêt de pins sont analogues<br />

à celles que nous connaissons et il n'est pas impossible de trouver en quelques<br />

coins <strong>des</strong> tapis de fraises <strong>des</strong> bois. En une demi-heure d'automobile on se trouve<br />

retransporté de la fournaise tropicale en pays tempéré, avec un ciel d'une<br />

extraordinaire pureté dans le matin.... Le Nord et les principales hauteurs<br />

connaissent sur le versant exposé à l'alizé <strong>des</strong> précipitations importantes. <strong>Les</strong><br />

plaines intérieures sont le domaine <strong>des</strong> mimosées, puis <strong>des</strong> cactus cierges et <strong>des</strong><br />

raquettes arborescentes, lorsque n'intervient pas l'irrigation. Il tombe moins d'un<br />

mètre d'eau dans la longue dépression centrale où coulent en sens inverses<br />

l'Artibonite supérieure et le San Juan. La zone déprimée du Sud entre Port-au-<br />

Prince et le Yaque del Sur est encore moins arrosée et là où ne fonctionnent plus<br />

les canaux jadis créés par les colons français du XVIII e siècle règnent les<br />

mimosées et les grands champs de cactus arborescents. Il est possible qu'en<br />

certains coins on n'arrive pas à 500 mm.<br />

La République d’Haïti. – Malgré son unité physique, cependant, l’île se<br />

partage aujourd'hui entre deux républiques dont l’évolution est aussi nettement que<br />

possible orientée dans <strong>des</strong> sens différents, pour <strong>des</strong> raisons strictement historiques.<br />

Laissons de côté les populations précolombiennes, en grande partie détruites au<br />

moment de la conquête, mais dont on retrouverait sans doute les <strong>des</strong>cendants<br />

quelque peu métissés dans les hauteurs les plus reculées. Mais, très vite après la<br />

découverte, l'île s'est trouvée partagée en deux domaines bien distincts. La partie<br />

occidentale passa rapidement sous le contrôle de la France et Haïti devint un grand<br />

centre de colonisation, prospère entre tous au XVIII e siècle, sous la direction de<br />

ceux qu'on avait pris l'habitude d'appeler Nos Seigneurs dans les <strong>Antilles</strong>. Ce fut<br />

une colonisation très savante, que nous connaissons bien par la <strong>des</strong>cription<br />

détaillée qu'en a laissée Moreau de Saint-Méry, et dont les chefs tout au moins<br />

semblent avoir très vite senti ce que la permanence de l'esclavage pouvait avoir<br />

d'odieux et de dangereux. D'où l'idée de le remplacer, dès que les circonstances le<br />

permettraient, par un véritable contrat d'association. La Révolution arriva trop vite<br />

et entraîna la disparition totale de la domination blanche après la révolte de<br />

Toussaint Louverture. Mais les deux chiffres donnés par Moreau de Jonnès<br />

contiennent en eux-mêmes les développements futurs. En 1794, la Dominicanie<br />

comptait 35 000 Blancs, 38 000 affranchis et 30 000 esclaves, tandis qu'en 1789 en<br />

Haïti on avait dénombré 30 826 Blancs, 27 548 affranchis et 465 428 Noirs<br />

esclaves. La République noire d'Haïti, lorsqu'elle se fonda, put se permettre<br />

d'expulser tous les Blancs, fort peu nombreux du reste après le passage de la<br />

tornade révolutionnaire. Quand on en laissa revenir quelques-uns, on leur interdit<br />

de posséder la moindre parcelle de terre et l'interdiction ne fut levée qu'au moment<br />

de la première guerre mondiale. Il en subsiste encore l'obligation de vendre sa<br />

propriété après deux ans d'absence effective.

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