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Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 129<br />

utiliser les <strong>Antilles</strong>. En fait, pendant longtemps, <strong>des</strong> relations correctes furent<br />

maintenues avec les autorités françaises, le haut-commissaire, l'Amiral Robert,<br />

étant fort connu à Washington. Peu à peu cependant la situation se tendit et une<br />

sorte de demi-blocus fut imposé à la Martinique et à la Guadeloupe entraînant non<br />

la famine, mais de sérieuses difficultés de ravitaillement. En 1943, à la veille du 14<br />

juillet, les îles françaises rejoignirent le camp <strong>des</strong> Alliés. Elles furent alors invitées,<br />

sous l'autorité du général de Gaulle, à participer, ainsi que les Pays-Bas, à la<br />

conférence de la Barbade en mai 1944. Le statut définitif de la Commission devait<br />

être fixé par la Convention signée à Washington le 30 octobre 1946.<br />

Non sans quelque méfiance de la part <strong>des</strong> puissances européennes – et il faut<br />

reconnaître que ces méfiances trouvaient facilement leur justification dans les<br />

écrits ou les discours américains. On sait, par exemple, que le livre d'Elliott<br />

Roosevelt, Mon père m'a dit, contient <strong>des</strong> indications assez peu rassurantes pour<br />

les puissances « coloniales ». Et il a pu être rappelé dans un article <strong>des</strong> Annales de<br />

Géographie que M. Ralph J. Bunche, depuis prix Nobel, dans un commentaire sur<br />

la commission anglo-américaine du Pacifique, qui a précédé de quelques mois la<br />

Commission Caraïbe, ne craignait pas d'affirmer que la « Coopération régionale,<br />

désirable en elle-même. », supposait, qu'on le voulût ou non, une certaine<br />

immixtion dans le domaine politique, voire administratif local. Et il lui paraissait<br />

douteux qu'une ligne clairement définie pût être tracée entre les questions <strong>sociales</strong><br />

et économiques d'un côté et les questions politiques de l'autre. Il ajoutait même<br />

qu'en certains territoires « le progrès social et économique ne serait possible que si<br />

l'on faisait le nettoyage complet de l'administration locale » 1 . À quoi un ironiste<br />

répliqua un certain jour, dans un congrès fort grave, qu'il y avait un moyen<br />

excellent de ne pas avoir de question coloniale à résoudre et que ce moyen était, au<br />

moment de la conquête, de supprimer les colonisés possibles, ce qui n'était pas<br />

sans exemple.<br />

Il est également certain que le livre de M. Blanshard, Democracy and Empire<br />

in the Caribbean 2 , qui est celui d'un homme très averti de la question, montre,<br />

sans doute possible, que du côté américain on avait songé à un véritable<br />

trusteeship sur les <strong>Antilles</strong> dépendantes et la Guyane. Il fallut en rabattre<br />

sérieusement devant les protestations énergiques <strong>des</strong> gouvernements européens<br />

intéressés et leurs mesures, qualifiées plaisamment par l'auteur d'antiseptically<br />

nationalist. La Commission Caraïbe, comme on l'appelle partout aux <strong>Antilles</strong>, n'est<br />

qu'un organisme chargé d'organiser, de développer une coopération régionale pour<br />

le bien-être <strong>des</strong> populations intéressées. Le préambule de la Convention qui a<br />

décidé l'établissement de l'actuelle commission est parfaitement net à cet égard.<br />

<strong>Les</strong> quatre gouvernements intéressés (États-Unis, Grande-Bretagne, France et<br />

Pays-Bas) se déclarent décidés à, « encourager et renforcer la coopération entre<br />

eux-mêmes et leurs territoires en vue d'améliorer les conditions <strong>sociales</strong> et<br />

1<br />

2<br />

Voir Annales de Géographie, LIX, janvier 1950, p. 36.<br />

New York, Mac Millan, 1947.

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