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Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 21<br />

insupportable. Le blé germe fort bien aux <strong>Antilles</strong> et montre une végétation<br />

superbe, mais il ne « graine » pas. La vigne réussit clans les régions sèches, encore<br />

qu'elle donne la plupart du temps <strong>des</strong> verjus quelque peu aci<strong>des</strong>.<br />

Tandis, cependant, que se poursuit cette remarquable égalisation de la flore<br />

tropicale, aussi valable pour les Isles que pour l'Afrique équatoriale, il est quelques<br />

résultats doucement paradoxaux que je voudrais souligner au passage. L'attirance<br />

<strong>des</strong> <strong>Antilles</strong> est pour une large part celle d'un monde nouveau et je ne puis que<br />

rappeler au passage que peintres, littérateurs et artistes se sont extasiés à l'envi sur<br />

les paysages exotiques offerts à leur admiration. Or cet exotisme, qu'il s'agisse de<br />

Cuba, Haïti ou Trinidad, est celui <strong>des</strong> bambous, <strong>des</strong> cocotiers, <strong>des</strong> filaos, <strong>des</strong><br />

manguiers, <strong>des</strong> flamboyants et <strong>des</strong> bananiers : il apparaît d'importation, et<br />

d'importation récente. En fait, et je tiens à le souligner, le décor végétal dans ses<br />

gran<strong>des</strong> lignes, même aux confins de la forêt vierge comme à Trinidad, ne diffère<br />

pas essentiellement, en apparence tout au moins, de ce qu'on trouve en été dans le<br />

Centre ou l'Ouest de la France. Sur la route admirablement entretenue et<br />

goudronnée qui conduit de Port of Spain à l'aérodrome, on se croirait dans une<br />

forêt de chez nous.... Si ce n'est qu'il vaut mieux ne pas s'aventurer inutilement<br />

dans le bois si l'on craint les rencontres désagréables, pour ne pas dire plus. Telle<br />

savane, certes, avec ses arbres en boule évoque fort bien à la saison <strong>des</strong> pluies un<br />

pâturage normand semé de pommiers : il vaut mieux tout de même ne pas s'y fier,<br />

et monter dans les hauteurs au-<strong>des</strong>sus de 1 000 à 1 500 m où l'on a vite fait de<br />

retrouver <strong>des</strong> conditions plus rapprochées de celles qui existent dans les pays<br />

tempérés.<br />

D'où l'autre conclusion que je voudrais indiquer de manière rapide, avec<br />

l'espoir qu'elle sera peut-être entendue. <strong>Les</strong> îles offrent dans un espace restreint une<br />

variété unique de climats, de sols, de types de végétation. Leurs dimensions sont<br />

assez restreintes, même pour les plus gran<strong>des</strong>, et il est facile de leur faire parvenir,<br />

à bien moins de frais qu'au centre de l'Afrique, les engrais et les machines dont<br />

elles peuvent avoir besoin et que peuvent transporter à relativement peu de frais les<br />

lignes de navigation qui vont d'Amérique du Nord en Amérique du Sud ou qui se<br />

dirigent vers le Pacifique par le canal de Panama. D'où l'idée que je crois féconde<br />

sous la forme même que tendent à lui donner quelques agronomes : en faire une<br />

sorte de vaste laboratoire tropical, un champ d'essai et d'acclimatation pour de<br />

nouvelles variétés de cannes, de cacaoyers, de manguiers, etc....

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