Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC
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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 78<br />
petites embarcations qui vont chercher voyageurs et marchandises pour les mener<br />
à terre.<br />
Sainte-Lucie. – Une transformation du même genre commence à se faire sentir<br />
à Sainte-Lucie, qui se trouve de l'autre côté de la Martinique et où l'on compte déjà<br />
87144 personnes sur une étendue de 605 km 2 . Deux canaux d'une trentaine de<br />
kilomètres chacun l'isolent de ses voisines tant au Nord qu'au Sud.<br />
Le centre de l'île, dominé par la Soufrière et <strong>des</strong> mornes plus ou moins boisés,<br />
est l'une <strong>des</strong> choses les plus extraordinaires que l'on puisse imaginer, une sorte de<br />
porte d'enfer où s'entassent <strong>des</strong> pitons de plus en plus élevés dans un<br />
enchevêtrement où l'on se demande comment l'homme a bien pu faire pour<br />
pénétrer. Malgré cet entassement d'allure apocalyptique, il ne semble pourtant pas<br />
que les mornes de Sainte-Lucie connaissent <strong>des</strong> précipitations aussi abondantes<br />
que ceux de la Dominique. Il y aurait presque une différence du simple au double.<br />
<strong>Les</strong> souvenirs français abondent, comme à la Dominique, dans ce pays qui fut<br />
nôtre jusqu'à la fin du Premier Empire. Il ne semble pas qu'il faille désormais y<br />
chercher autre chose et les liens de la vieille aristocratie locale avec notre pays<br />
tendent incontestablement à s'effacer peu à peu.<br />
<strong>Les</strong> ressources n'apparaissent pas très gran<strong>des</strong> dans l'ensemble. La majeure<br />
partie de Sainte-Lucie est vraiment inexploitable et même inhabitable, et le trait est<br />
autrement frappant qu'à la Dominique. Il a été décidé de cesser les ventes de terres<br />
de la Couronne. On étudie maintenant à leur place <strong>des</strong> locations perpétuelles. Mais<br />
les principales ressources demeurent assez faibles. Il n'a été récolté en 1950 que<br />
107 822 t de cannes d'où l'on a tiré 10 441 t de sucre, ce qui est un rendement<br />
d'ailleurs fort honorable. Viennent ensuite les noix de coco et le cacao que les<br />
circonstances actuelles favorisent quelque peu.<br />
Castries, la capitale, est un excellent port. C'est un <strong>des</strong> meilleurs qui existent<br />
aux <strong>Antilles</strong> méridionales et pendant longtemps les Britanniques y entretinrent un<br />
important dépôt de charbon. La ville, qui compte un peu plus de 211 000 habitants,<br />
a vu il y a peu de temps son cœur entièrement détruit par un gigantesque incendie.<br />
La reconstruction a été aussitôt entreprise sur un plan entièrement modernisé et a<br />
dû se terminer à la fin de 1952.<br />
Dans l'ensemble, l'île subvient assez difficilement à ses besoins, encore qu'elle<br />
soit une escale régulière tant pour les gros navires que pour les avions se dirigeant<br />
vers le Sud ou en provenant. <strong>Les</strong> forêts donnent d'assez fortes quantités de charbon<br />
de bois qui s'expédient surtout à <strong>des</strong>tination de la Barbade. On s'efforce de<br />
développer la pêche dans les eaux territoriales, qui sont poissonneuses. Il existe<br />
environ 48 établissements qu'on peut définir comme industriels : les plus<br />
importants sont à beaucoup près les trois usines à sucre. Le commerce, malgré<br />
tout, reste fort déficitaire et ne pouvait opposer en 1949 que 309 071 livres pour les<br />
exportations à 1 093 372 pour les importations. Dans l'ensemble, l'île n'apparaît