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Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 116<br />

actionnaires qui le dépensent loin du pays d'origine. Mais, d'autre part, comme la<br />

Guadeloupe est beaucoup plus étendue que la Martinique, il n'en résulte pas de<br />

rupture immédiatement sensible de l'équilibre social. En outre, les pays de la canne<br />

et de la banane demeurent jusqu'à présent assez bien séparés l'un de l'autre. <strong>Les</strong><br />

cultures vivrières sont également à part. Le café occupe encore 4 000 ha, le<br />

bananier 5 000 et les « vivres » 11 500. Il me paraît nécessaire de préciser qu'il ne<br />

s'agit là, dans bien <strong>des</strong> cas, que d'évaluations théoriques. J'ai trouvé dans le Sud de<br />

la Basse-Terre et sur sa côte occidentale maintes exploitations per saturam où<br />

voisinent ensemble, dans un curieux désordre, et sans trop se gêner d'ailleurs,<br />

caféiers, cacaoyers et bananiers. Le petit cultivateur va faire un tour dans sa<br />

plantation le matin, il bine, il gratte, il récolte et, tant bien que mal, il tire de son<br />

exploitation, si l'on peut dire, de quoi satisfaire à ses besoins. Ailleurs on rencontre<br />

– ce qui n'existe pas à la Martinique – de véritables bois d'arbres à pain, de<br />

manguiers avec parfois même <strong>des</strong> avocatiers dans les coins les plus abrités. Et vers<br />

les « Grands Fonds », ce sont d'invraisemblables défrichements sur <strong>des</strong> pentes trop<br />

rai<strong>des</strong> pour les « gros légumes » eux-mêmes qui exigent un peu d'humidité et une<br />

terre profonde. Sur la route du Vieux-Fort se succèdent de minuscules<br />

exploitations avec de petits champs de maïs. Il en résulte un climat social<br />

nettement différencié. À la Martinique, il y a eu toujours deux éléments plus ou<br />

moins opposés, encore que liés par <strong>des</strong> intérêts communs, les Blancs créoles d'une<br />

part et la masse de couleur de l'autre. <strong>Les</strong> Européens, jusqu'à l'assimilation, ne sont<br />

apparus que dans l'administration ou en surnombre. À la Guadeloupe, les békés ne<br />

comptent guère et la question dite de couleur est singulièrement atténuée. D'autre<br />

part, la surpopulation au moins apparente de la Martinique fait peser <strong>des</strong> menaces<br />

immédiates. Il faut y porter remède au plus vite, tandis qu'à la Guadeloupe, d'après<br />

l'ensemble <strong>des</strong> estimations que j'ai pu recueillir, l'on dispose d'au moins vingt-cinq<br />

ans de délai. Le pays paraît vide à côté de l'île sœur, il y a de la place et l'on a le<br />

sentiment de cette place. Le problème est donc moins urgent et peut à coup sûr se<br />

résoudre pendant longtemps encore grâce à une colonisation intérieure pour<br />

laquelle il reste beaucoup à faire.<br />

<strong>Les</strong> dépendances. – Nous n'avons parlé jusqu'ici que de la Martinique et de la<br />

Guadeloupe, les deux gran<strong>des</strong> îles, en laissant de côté les « dépendances »<br />

rattachées à la Guadeloupe qui, pour elles, devient le « continent ». <strong>Les</strong> plus<br />

lointaines sont Saint-Martin et Saint-Barthélemy (voir fig. 6). L'une et l'autre<br />

appartiennent à l'arc médian <strong>des</strong> <strong>Antilles</strong> et sont formées de terrains sédimentaires.<br />

Saint-Barthélemy compte, pour 25 km 2 une population d'environ 2 500 habitants<br />

qui vivent d'une existence sans grands tracas, mais quelque peu élémentaire. La<br />

rade principale est celle de Gustavia, qui perpétue ainsi le souvenir de la<br />

souveraineté danoise que l'île a connue de 1784 à 1877. Il en subsiste de<br />

pittoresques archives conservées à Basse-Terre, où personne n'est capable de les<br />

déchiffrer.<br />

Saint-Martin n'est française qu'en partie et couvre officiellement 59 km 2 , avec<br />

6 450 habitants. Le commerce et la contrebande y furent un temps <strong>des</strong> plus actifs,

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