Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC
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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 131<br />
puisque le lieu de sa réunion doit être choisi à tour de rôle dans l'un <strong>des</strong> territoires<br />
dépendant <strong>des</strong> gouvernements membres. Il existe enfin un secrétariat général<br />
permanent qui doit être établi quelque part dans la zone <strong>des</strong> Caraïbes et qui, en fait,<br />
se trouve depuis le début à Port of Spain dans l'île de Trinidad. Deux articles<br />
importants règlent les relations avec les gouvernements de la zone <strong>des</strong> Caraïbes qui<br />
ne sont pas membres de la Commission (Cuba, Haïti et Saint-Domingue). On ne<br />
doit pas perdre de vue, est-il formellement indiqué, les avantages de la coopération<br />
avec eux en matière économique et sociale, mais ils ne peuvent être invités<br />
officiellement aux réunions tenues sous les auspices de la Commission qu'autant<br />
que les gouvernements membres sont d'accord. <strong>Les</strong> relations avec les Nations<br />
Unies et les organisations spécialisées qui en dépendent sont définies de la sorte :<br />
la Commission et ses organismes auxiliaires, tout en n'ayant actuellement aucune<br />
attache avec les Nations Unies, « coopèrent dans la plus large mesure possible<br />
avec l’O.N.U. et avec les organismes spécialisés appropriés, dans les affaires<br />
d'intérêt commun, dans le cadre <strong>des</strong> attributions de la Commission ». Une clause<br />
de garantie stipule cependant de manière formelle que « rien dans l'interprétation<br />
<strong>des</strong> termes de la présente Convention n'ira à l'encontre <strong>des</strong> règles constitutionnelles<br />
présentes ou futures qui définissent les relations entre les gouvernements membres<br />
et leurs territoires, ni ne portera atteinte en aucune façon à l'autorité et aux<br />
responsabilités constitutionnelles <strong>des</strong> gouvernements territoriaux ».<br />
Tel est le cadre juridique de la Commission Caraïbe. On peut aujourd'hui, après<br />
six ans d'existence, essayer de définir et son œuvre et ses possibilités d'avenir.<br />
Après avoir longtemps hésité, je suis maintenant convaincu que son rôle peut être<br />
essentiel dans le domaine qui lui est imparti. Non qu'elle soit uniquement<br />
composée de surhommes, fort loin de là, et, à les prendre individuellement, il est<br />
tel ou tel de ses membres vis-à-vis <strong>des</strong>quels en pourrait se montrer d'une cruauté<br />
quelque peu féroce, La préférence accordée par principe aux Antillais à égalité de<br />
titres a conduit à recruter plus d'un fonctionnaire de la valeur scientifique <strong>des</strong>quels<br />
il y aurait avantage à ne pas se porter garant. Et comme la Commission a voulu<br />
prouver dès le début son importance, ne fût-ce que par la masse <strong>des</strong> contributions<br />
scientifiques ou autres qu'elle pouvait apporter, il en est résulté une puissante série<br />
de publications où l'on rencontre honnêtement beaucoup de fatras et de prose<br />
inutile. On peut admettre également que beaucoup de fonctionnaires originaires<br />
<strong>des</strong> îles et « bombardés » au rang de délégués à la Commission ou de conseillers<br />
techniques ont été grisés par cette ambiance quelque peu internationale et se sont<br />
crus de fort grands hommes du coup. Et les vieux diplomates de France,<br />
d'Angleterre ou de Hollande envoyés là pour superviser les opérations ont<br />
contemplé avec une bienveillance aussi amusée qu'indifférente une agitation qu'ils<br />
regardaient comme inutile.<br />
Ils ont eu tort, cependant, grand tort. La Commission <strong>des</strong> Caraïbes compte un<br />
certain nombre de personnalités malgré tout qui sont de grande classe. S'abstenir,<br />
d'autre part, ou ne travailler qu'à contre-cœur, serait laisser la place quasi libre au<br />
représentant <strong>des</strong> États-Unis, qui est toujours choisi avec le plus grand soin. Enfin