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Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 23<br />

naguas <strong>des</strong>cendant jusqu'aux genoux. Mais le corps était peint avec du roucou<br />

détrempé, comme le dit le P. Labat, dans « de l'huile de carapat ou de palma christi<br />

qui les fait ressembler à <strong>des</strong> écrevisses cuites ». Sera-t-il permis d'émettre ici un<br />

embryon d'hypothèse ? Ne serait-ce pas cette couleur, d'un emploi universel dans<br />

les régions tropicales américaines, qui serait à la base de l'appellation traditionnelle<br />

de Peaux-Rouges appliquée aux indigènes du continent récemment découvert ?<br />

Mais la simplicité du costume n'empêchait pas de goûter les ornements. Nous<br />

savons de manière certaine que les chefs tainos <strong>des</strong> Gran<strong>des</strong> <strong>Antilles</strong> portaient de<br />

véritables diadèmes en pierre avec une plaque d'or au milieu du front. <strong>Les</strong> deux<br />

sexes, aux jours de gran<strong>des</strong> fêtes, s'entortillaient <strong>des</strong> bandages autour <strong>des</strong> bras et<br />

arboraient <strong>des</strong> colliers de coquillages. Je ne puis, une fois encore, que citer cette<br />

admirable mauvaise langue de P. Labat qui savait voir et décrire avec une<br />

redoutable et ironique exactitude :<br />

<strong>Les</strong> caracolis que portent les sauvages, écrit-il, sont faits comme <strong>des</strong> croissants de<br />

grandeur différente, suivant le lieu où ils doivent servir. Ils en portent d'ordinaire un à<br />

chaque oreille..., ils en portent un autre, attaché à l'entre-deux <strong>des</strong> narines qui leur bat<br />

sur la bouche. Le <strong>des</strong>sous de la lèvre inférieure est encore percé et on y attache un<br />

quatrième caracoli... qui tombe à moitié sous le menton. Enfin ils en ont un cinquième,<br />

qui est enchâssé dans une petite planche de bois non cintrée en croissant, qui leur<br />

tombe sur la poitrine étant attaché à une petite corde au col. Je laisse à penser quelle<br />

beauté tous ces croissants donnent à la tête d'un homme et s'ils ne le font pas<br />

ressembler à un mulet orné de ses plaques. Lorsqu'ils ne portent point leurs caracolis,<br />

ils ont soin de remplir les trous qu'ils ont aux oreilles au nez et à la lèvre avec de petits<br />

bâtons pour les empêcher de se boucher. Ils ressemblent pour lors aux cochons<br />

auxquels on a mis <strong>des</strong> broches pour les empêcher de fouiller la terre. Quelquefois, ils<br />

portent <strong>des</strong> pierres vertes aux oreilles et à la lèvre et quand ils n’ont ni pierres vertes,<br />

ni petits bâtons, ni caracolis, ils y mettent <strong>des</strong> plumes de perroquet ou d'aras rouges,<br />

bleues et jaunes, qui leur font <strong>des</strong> moustaches de dix ou douze pouces de long de<br />

chaque côté au-<strong>des</strong>sus et au-<strong>des</strong>sous de la bouche, sans compter ce qu'ils ont aux<br />

oreilles, ce qui leur donne la plus plaisante figure du monde 1 .<br />

Je m'en voudrais d'ajouter quoi que ce fût à pareil texte dont la précision et<br />

l'ironie m'ont toujours comblé de joie. Signalons seulement la déformation<br />

volontaire du crâne par aplatissement du front au moyen d'une planchette pendant<br />

les premiers mois qui suivent la naissance.<br />

L'alimentation reposait pour une part sur la pêche et la chasse, mais plus encore<br />

sur l'agriculture qui connaissait à la fois le manioc venu du Sud et le maïs hérité du<br />

Nord. On utilisait le coton pour la fabrication <strong>des</strong> hamacs. <strong>Les</strong> haricots tenaient<br />

une certaine place dans l'alimentation, ainsi que de nombreux fruits tels que les<br />

« figues » de certains cactus et aussi les ananas, tout au moins chez les Caraïbes.<br />

De nombreuses « gommes » entraient dans la confection de baumes ou de<br />

1<br />

LABAT, Voyage aux Isles de 1'Afrique, Paris, Édition Duchartre, 1931, tome I, p. 167-168.

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