Les Antilles - Les Classiques des sciences sociales - UQAC
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Eugène Revert, <strong>Les</strong> <strong>Antilles</strong> (1954) 99<br />
Ce système aboutit en fait à une autonomie totale, et la meilleure preuve qu'on<br />
puisse en apporter est l'existence d'un représentant antillais détaché auprès du<br />
gouvernement <strong>des</strong> Pays-Bas. Depuis que l'autonomie antillaise a trouvé sa base<br />
dans la loi organique de 1950, précise M lle Felhoen Kraal, « le gouvernement<br />
hollandais a supprimé son rapport annuel à l'O.N.U. en vertu de l'article 73 de la<br />
Charte ». L'Assemblée générale de 1951-1952 a néanmoins « réclamé <strong>des</strong><br />
informations afin de vérifier si cette autonomie peut être regardée ou non comme<br />
efficace ». Ce qui ne manque absolument pas de pittoresque, car les<br />
gouvernements <strong>des</strong> <strong>Antilles</strong> néerlandaises, ainsi que celui de Surinam, ont déclaré<br />
qu'ils se refuseraient à fournir les données nécessaires pour répondre aux<br />
stipulations de l'article 73 de la Charte <strong>des</strong> Nations Unies, « puisqu'ils ne se<br />
considéraient plus comme territories for which they [c'est-à-dire les<br />
gouvernements métropolitains] are respectively responsible (art. 73 E).<br />
On peut se demander cependant ce que l'avenir réserve à de tels pays. Déjà les<br />
importations dépassent nettement les exportations. <strong>Les</strong> chiffres de 1949 ont été de<br />
430 millions de florins pour les premières et de 360 millions pour les secon<strong>des</strong> et<br />
celles-ci consistent presque uniquement en pétrole raffiné (98 p. 100). Ce chiffre<br />
seul explique la menace qui pèse sur les possessions hollandaises dans la mer<br />
Caraïbe. M lle Felhoen Kraal, après M. Somermayer, formule les dangers de la<br />
situation sous forme de « paradoxes indiscutables ». Malgré leur pauvreté en<br />
matières premières, affirme-t-elle, les <strong>Antilles</strong> néerlandaises ont été fortement<br />
industrialisées, mais à sens unique et restreint. En second lieu, malgré ou plutôt à<br />
cause de cette industrialisation spécialisée, il n'y a que peu d'inclination à une plus<br />
ample industrialisation du pays. Et c'est ce qui explique que l'évolution de la<br />
population demeure peu avancée.<br />
La situation est donc pleine de dangers pour l'avenir. Elle apparaît déjà assez<br />
grave pour que l'on ait apporté de fortes limitations à l'immigration. Et j'avoue que<br />
je ne saurais mieux faire, au terme de ce chapitre, que de reproduire la conclusion<br />
même de M lle Felhoen Kraal : « Il ne reste alors qu'à espérer dans l'avenir, à<br />
souhaiter que l'autonomie accordée aux <strong>Antilles</strong> néerlandaises s'avère capable de<br />
donner au peuple qui les habite, non seulement ces traditionnels moyens de<br />
défense en quelque sorte négative, mais aussi la possibilité de se développer de<br />
manière effective et positive, avant qu'il ne soit trop tard. »