116 l'entendre sans être remués et beaucoup s'évanouissent par suite de leurs émotions. Quoi d'étonnant si c'est là le vieux chant de Linus 41 , dont Hérodote dépeint d'une manière frappante le caractère touchant et mélancolique. Il est certain que beaucoup de ce pathos du Miserere résulte de la partie chantée par les sopranos, et il est également certain que Sémiramis, femme de celui qui, historiquement, fut l'original de ce dieu dont la mort était pathétiquement célébrée dans beaucoup de pays, jouit de la renommée d'avoir été l'initiatrice de cette coutume de chanter le soprano 42 . Or, les flagellations qui forment une partie si importante des pénitences de Rome la veille du vendredi saint, formaient une partie aussi importante des rites du dieu du feu, auquel, nous l'avons vu, la papauté a tellement emprunté. Ces flagellations de la semaine sainte, réunies à d'autres cérémonies de cette époque, témoignent du caractère de ce dieu dont Rome célèbre alors la mort et la résurrection. Il est étrange de voir que dans le siège central de ce que l'on appelle la chrétienté catholique, les rites essentiels d'aujourd'hui sont précisément les rites des anciens adorateurs du feu en Chaldée. résurrection de Christ est célébrée, non à son propre jour, le jour du Seigneur, mais le jour de Saturne, dieu du feu. 41 Narcisse était un des surnoms des trois Linus (en grec Narkissos). CLINTON, Fasti Hellenici, Appendice, vol. I, p. 343. Or, Naar signifie enfant et Kissos, comme nous l'avons vu, est Cush, de telle sorte que Narkissos c'est l'enfant de Cush. 42 AMMIANUS MARCELLUS, liv. XIV, ch. 6, p. 25.
117 Article 3 - Le sacrifice de la messe Si la régénération par le baptême, point de départ des croyances romaines, et la justification par les oeuvres, sont toutes les deux d'origine chaldéenne, le principe contenu dans le sacrifice non sanglant de la messe ne l'est pas moins. Tacite 1 nous apprend qu'il n'était pas permis d'offrir du sang sur les autels de la Vénus de Paphos. On immolait des victimes pour les consultations de l'Aruspice, afin de tirer des présages pour l'avenir, d'après l'inspection des entrailles de ces victimes; mais les autels de la déesse de Paphos devaient être gardés purs de tout sang. Tacite montre que l'Aruspice du temple de la Vénus de Paphos fut amené de Cilicie parce qu'il connaissait les cérémonies de cette déesse; c'était le moyen de les faire accomplir convenablement suivant la volonté supposée de Vénus, car les Ciliciens avaient une connaissance particulière de ces cérémonies. "Tarse", capitale de la Cilicie, fut bâtie par Sennachérib, roi d'Assyrie, sur le modèle de Babylone 2 . Les religions des deux villes correspondent naturellement, et lorsque nous trouvons à Chypre (dont le prêtre venait de Cilicie) des sacrifices non sanglants, c'est, dans ces circonstances, une forte présomption que le sacrifice non sanglant y parvint par la Cilicie depuis Babylone. Cette présomption est grandement confirmée quand nous lisons dans Hérodote que cette coutume extraordinaire et abominable de Babylone, la prostitution des vierges en l'honneur de Mylitta, était observée aussi à Chypre, en l'honneur de Vénus 3 . Mais le témoignage de Pausanias change cette présomption en certitude. "Tout près de là, dit cet historien, parlant du temple de Vénus à Athènes, se montre le temple de la Vénus céleste, qui fut d'abord adorée par les Assyriens, puis par les Paphiens de Chypre, et enfin par les Phéniciens qui habitaient Ascalon en Palestine. Mais les Cythéréens vénéraient cette déesse parce qu'ils avaient appris les rites sacrés par le moyen des Phéniciens 4 ." Ainsi la Vénus d'Assyrie c'est-à-dire la grande déesse de Babylone et la Vénus de Chypre, étaient une seule et même déesse, et les autels non sanglants de la déesse de Paphos montrent le caractère du culte particulier à la déesse de Babylone dont elle était dérivée. À cet égard, la reine déesse de Chaldée différait de son fils qu'on adorait dans ses bras. Il était, nous l'avons vu, représenté comme heureux de voir le sang répandu. Mais elle, comme mère de la grâce et de la miséricorde, comme céleste colombe, comme espoir du monde 5 , était opposée au sang et était représentée avec un caractère doux et pacifique. Aussi à Babylone elle portait le nom de Mylitta 6 , la Médiatrice 7 Celui qui lit la Bible, et sait qu'elle déclare expressément que de même qu'il y a un seul Dieu, il y a aussi un seul médiateur entre Dieu et l'homme (I Timothée II, 5), doit se demander comment il pût jamais venir à l'esprit d'un homme de décerner à Marie, comme le fait l'église romaine, le caractère de médiatrice. Mais le caractère de Mylitta donné à la déesse babylonienne l'explique facilement. Pour justifier ce caractère de médiatrice, elle fut appelée Aphrodite, c'est-à-dire celle qui dompte la colère 8 , celle qui par ses charmes pouvait calmer la colère de Jupiter, et apaiser les esprits les plus furieux des dieux ou des mortels. À Athènes on l'appelait 1 Histoires, liv. II, vol. III, ch. 3, p. 106. 2 3 BUNSEN, vol. I,p. 718. HÉRODOTE, Histoires, liv. I,ch. 199, p. 92. 4 PAUSANIAS, liv. I, Attica, ch. 14. 5 BRYANT, Nonni Dionysiaca, vol. III, p. 226. 6 HÉRODOTE, liv. I, ch. 199. 7 Mylitta est le même que Malitta, féminin de Melitz, ou médiateur, qui, en Chaldée devient Melitt. Melitz est le mot employé dans Job XXXIII, 23-28: "S'il y a pour cet homme-là quelque messager, quelqu'un qui parle pour lui (Melitz, enhébreu, médiateur) un d'entre mille, qu'il fasse connaître à l'homme ce qu'il doit faire. Alors Dieu aura pitié de lui et dira: Délivre-le afin qu'il ne descende pas dans la fosse. J'ai trouvé une rançon." Pour plus de preuves, voyez Appendice, note J. 8 Du chaldéen aph, colère, et radah, vaincre, radité est la forme emphatique au féminin.
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