226 noms donnés à cette pierre ointe et enroulée confirme fortement cette conclusion. Ce nom est Baitulos. Nous le trouvons dans Priscien, (liv. V vol. I, p. 180, note et liv. VI, vol. I, p. 294), qui parlant de cette pierre que Saturne, dit-on, dévora au lieu de Jupiter, ajoute "quem Graeci Baitulon vocant", que les Grecs appellent Baitulos. Or, B'hai-tuloh veut dire l'enfant qui rend la vie 4 . Le père des dieux et des hommes avait détruit ses enfants en les mangeant, mais en avalant cette pierre enroulée il leur rendit la vie, paraît-il (HÉSIODE, Théogonie, 1. 495, p. 41). De là le nom de Baitulos, et le sens de ce nom s'accorde exactement avec ce qui nous est dit dans Sanchoniathon (liv. 1, ch. 6, p. 22) sur les Baithulia faites par le dieu Phénicien Ouranos: "Ce fut le dieu Phénicien Ouranos qui inventa les Baithulia: il fit des pierres qui se remuaient comme si elles avaient la vie." Si la pierre Baithulos représentait l'enfant qui rend la vie, il était naturel que cette pierre fût faite de telle sorte qu'elle parût avoir la vie en elle-même. Or il y a une grande analogie entre cette pierre enroulée qui représentait le fils porteur du péché et cet Olenos mentionné par Ovide, qui prit sur lui une faute qui n'était pas la sienne et fut ensuite changé en pierre. Nous avons déjà vu qu'Olenos, lorsqu'il fut changé en pierre, fut placé en Phrygie sur la sainte montagne d'Ida. Nous avons des raisons de croire que la pierre qui, dit-on, fut si utile aux enfants de Saturne et fut élevée près du temple de Delphes, était précisément une représentation de ce même Olenos. Nous lisons qu'Olen fut le premier prophète de Delphes qui fonda le premier temple de cette ville (PAUSANIAS, liv. X, Phocica, ch. 5, p. 321). Comme les prophètes et les prêtres portaient d'ordinaire le nom du dieu qu'ils représentaient (Hesychius dit expressément que le prêtre qui représentait le grand Dieu sous le nom de la branche, était luimême appelé dans les mystères du nom de Bacchus, p. 179), cela indique un des noms les plus anciens du dieu de Delphes. Si donc, il y avait sur le mont Ida une pierre sacrée appelée la pierre d'Olenos, s'il y avait une pierre sacrée dans l'enceinte du temple de Delphes, fondé par Olenos, peut-on douter que la pierre sacrée de Delphes représentât la même que celle du mont Ida? La pierre enroulée de Delphes était appelée expressément un dieu par Priscien dans le passage déjà cité. Ce dieu donc qui en symbole avait reçu l'onction divine avait la vie aux enfants de Saturne père des dieux hommes, identifié à l'Olenos du mont Ida, était regardé, on le sait, comme occupant la place même du Messie, le grand porteur du péché, qui vint prendre les péchés des hommes, prit leur place et souffrit pour eux: Olenos, en effet, comme nous l'avons vu, prit volontairement sur lui une faute dont il était personnellement innocent. En considérant ainsi combien les symboles mystiques du paganisme cachaient de foi patriarcale, nous trouvons encore une circonstance remarquable concernant la pierre enroulée; elle montre combien le mystère d'iniquité de Rome s'est efforcé d'introduire la pierre du paganisme dans ce qu'on appelle le symbolisme chrétien. Le Baitulos ou la pierre enroulée était FBD@((L8@V 842@V, (BRYANT, vol. II, p. 20, note) une pierre ronde ou ovale. Cette pierre ovale nous apparat souvent entourée et recouverte tantôt de plusieurs, tantôt de deux ou trois bandelettes. Dans Bryant (vol. III, p. 246) la déesse Cybèle est représentée comme Spes Divina, ou l'espoir divin; nous voyons le fondement de cet espoir divin proposé au monde sous l'image de la pierre enroulée dans sa main droite de différentes bandelettes. Dans David (Antiquités Étrusques, vol. IV, fig. 27) nous voyons une déesse représentée avec la boîte de Pandore, source de tous les maux, dans sa main étendue, avec un globe enroulé qui y est suspendu; ici ce globe n'a que deux bandelettes, l'une croisant l'autre. Et qu'est-ce que ce globe à bandelettes du paganisme sinon la contrepartie du globe entouré d'un bandeau et surmonté du Tau mystique ou de la croix, qui est appelé l'emblème du pouvoir, et qu'on représente souvent 4 De Tli, Tleh ou Tloh, infans, puer (CLAVIS STOCKII, Chald., p. 1342), et Hiâ ou Haya, vivre, rendre la vie (GESENIUS, p. 310). De Hia, vivre, avec le digamma préfixe, vient le Grec Bios, vie. Hia. devenant un mot crée, était aussi prononcé Haya, nous en trouvons la preuve dans Hiim, la vie, prononcé Hayyim, qui en grec devient avima, le sang. Le principe monarque d'aprs lequel "le sang, c'est la vie" n'était donc pas connu seulement des Juifs. Or, Haya, vivre ou rendre la vie avec le digamma préfixe, devint B'haya; ainsi en Égypte, nous trouvons que Bai veut dire l'âme ou l'esprit (BUNSEN, vol. I, p. 375) qui est le principe vivant B'hai-tulos donc, c'est l'enfant qui rend la vie. P'haya-n est le même dieu.
comme dans la figure 60, dans les mains des images profanes de Dieu le père? Le lecteur n'a pas besoin qu'on lui dise maintenant que la croix est le signe choisi et la marque de ce même Dieu que représentait la pierre bandée, et de ce dieu dont on dit à sa naissance: "Le Seigneur de toute la terre est né." (WILKINSON, vol. IV, p. 130). 227 Comme le dieu symbolisé par la pierre bandée non seulement rendait la vie aux enfants de Saturne, mais rendait à Saturne lui-même la domination universelle qu'il avait perdue par la transgression, il ne faut pas s'étonner si on nous dit quequelques-unes de ces pierres étaient consacrées à Jupiter, d'autres au soleil, et qu'elles étaient regardées d'une manière plus particulière encore comme consacrées à Saturne, le père des dieux, (MAURICE, vol. II, p. 348); il ne faut pas s'étonner non plus par conséquent, que Rome ait mis la pierre ronde dans la main de la statue, portant le nom de Dieu ainsi profané, et qu'avec cette origine le globe à bandelettes surmonté de la marque de Tammuz, soit devenu le symbole de la domination dans tous les états de l'Europe papale! Fig. 60 Dans l'Iconographie de Dioron.
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