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L'INVENTION DE L'EXIL. PROSÉLYTISME ET CONVERSION 209<br />

de la période du Second Temp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> nombre d'habitants de la<br />

grande Judée atteignait <strong>le</strong>s huit cent mil<strong>le</strong> âmes, à combien pouvait<br />

donc s'é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong> nombre d'émigrants ? Dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des cas, à<br />

quelques milliers ! Et pourquoi donc <strong>le</strong>s communautés de Judéens<br />

ne parlaient-el<strong>le</strong>s pas <strong>le</strong>ur langue, l'hébreu ou l'araméen, là où<br />

el<strong>le</strong>s avaient émigré ? Pour quel<strong>le</strong>s raisons <strong>le</strong>s émigrés prirent-ils<br />

des noms qui, en général, n'étaient pas hébraïques, et cela dès la<br />

première génération ? Et, s'ils étaient agriculteurs, <strong>comment</strong> se<br />

fait-il qu'ils n'aient pas fondé ne serait-ce qu'une seu<strong>le</strong> colonie<br />

judéenne-hébraïque ?<br />

Les quelques milliers ou même dizaines de milliers d'émigrés<br />

judéens ne pouvaient en aucun cas engendrer au cours des deux<br />

sièc<strong>le</strong>s suivants une population atteignant <strong>le</strong> chiffre de quelques<br />

millions d'adeptes du judaïsme dispersés à travers tout l'univers<br />

culturel du littoral méditerranéen. A cette époque, comme il a déjà<br />

été mentionné précédemment, la croissance démographique restait<br />

stab<strong>le</strong> et <strong>le</strong> nombre de ceux qui pouvaient subsister grâce aux<br />

produits de la terre, dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s ou <strong>le</strong>s villages, était régulé par<br />

<strong>le</strong>s capacités limitées de la production agrico<strong>le</strong>. C'est pourquoi <strong>le</strong>s<br />

sociétés hellénistiques et romaines ne connurent jamais de poussées<br />

démographiques accélérées (<strong>le</strong>ur croissance provenait surtout<br />

de la colonisation de terres vierges et de <strong>le</strong>ur bonification) et se<br />

maintinrent longtemps, avec parfois quelques variations vers <strong>le</strong><br />

haut, à un niveau stab<strong>le</strong>. Les émigrés judéens ne formaient pas<br />

une « race ferti<strong>le</strong> » dotée d'« énergies vita<strong>le</strong>s » plus grandes que<br />

<strong>le</strong>s autres, comme Baron <strong>le</strong> suggéra en reprenant <strong>le</strong>s observations<br />

de Tacite, l'historien romain anti<strong>juif</strong> ; ils ne firent la conquête<br />

d'aucune nouvel<strong>le</strong> terre à faire fructifier, et on peut supposer qu'ils<br />

n'étaient pas <strong>le</strong>s seuls à ne pas tuer <strong>le</strong>ur progéniture, comme <strong>le</strong><br />

suggéra un chercheur israélien 1<br />

.<br />

1. Baron, Histoire d'Israël, op. cit., I, p. 226 et 234. Baron écrit éga<strong>le</strong>ment :<br />

« L'afflux continuel en provenance de la Pa<strong>le</strong>stine, combiné avec l'extraordinaire<br />

vertu prolifique des anciens habitants <strong>juif</strong>s, permit de surmonter tous <strong>le</strong>s<br />

mélanges raciaux et de préserver un certain degré d'unité ethnique. » Ibid.,<br />

p. 248. Dans une interview en hébreu publiée dans Zmanim (95, 2006, p. 97),<br />

avec Moshe Gil, historien de l'université de Tel-Aviv et spécialiste de l'histoire<br />

des <strong>juif</strong>s dans <strong>le</strong>s pays de l'Islam, on peut lire <strong>le</strong>s phrases suivantes : « La<br />

natalité chez <strong>le</strong>s Juifs était généra<strong>le</strong>ment très é<strong>le</strong>vée. Et, peut-être plus important<br />

encore, <strong>le</strong>s Juifs n'avaient pas la coutume, fréquente chez d'autres peup<strong>le</strong>s,<br />

d'abandonner ou de tuer une partie de <strong>le</strong>urs enfants. [...] Chez <strong>le</strong>s Juifs, l'abandon<br />

ou <strong>le</strong> meurtre d'un enfant étaient considérés comme des fautes tout aussi<br />

graves que n'importe quel autre meurtre. De ce fait, la population s'agrandit

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