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LA DISTINCTION. POLITIQUE IDENTITAIRE EN ISRAËL 391<br />

tion appliquerait <strong>le</strong> principe d'égalité à tous <strong>le</strong>s citoyens du pays,<br />

et pas uniquement aux « Juifs ».<br />

Dans <strong>le</strong> premier chapitre de ce livre, nous avons constaté que<br />

non seu<strong>le</strong>ment il n'existe pas de contradiction immanente entre<br />

<strong>le</strong> principe national et la démocratie, mais qu'au contraire ils se<br />

complètent l'un l'autre. Il n'y a pas eu jusqu'à présent de démocratie<br />

moderne, c'est-à-dire d'État dans <strong>le</strong>quel la souveraineté est<br />

détenue par <strong>le</strong>s citoyens, sans création d'un cadre national ou plurinational,<br />

quel qu'il soit. La puissance de l'identité nationa<strong>le</strong><br />

décou<strong>le</strong> de la conscience du fait que tous <strong>le</strong>s citoyens de l'État<br />

sont censés y être égaux. Il n'est pas aberrant de dire que <strong>le</strong>s<br />

concepts de « démocratie » et d'« identité nationa<strong>le</strong> » se recoupent<br />

généra<strong>le</strong>ment et englobent <strong>le</strong> même processus historique.<br />

Le choix du nom officiel du nouvel État et la polémique qu'il<br />

a immédiatement déc<strong>le</strong>nchée permettent de procéder à un premier<br />

décryptage de la « boîte noire » que constitue <strong>le</strong> processus de la<br />

renaissance juive. L'antique royaume d'Israël de la dynastie<br />

d'Omri ne bénéficiait pas, on <strong>le</strong> sait, d'une grande estime dans la<br />

tradition religieuse. C'est pourquoi l'appellation « État d'Israël »<br />

provoqua des hésitations : certains préféraient <strong>le</strong> nom d'« État de<br />

Judée », qui l'aurait positionné en héritier direct de la maison de<br />

David et du royaume des Hasmonéens ; d'autres prônaient celui<br />

d'« État de Sion », par fidélité au mouvement sioniste qui en était<br />

l'instigateur. Mais si <strong>le</strong> pays s'était appelé « Judée », tous <strong>le</strong>s habitants<br />

auraient porté <strong>le</strong> nom de « Juifs », et si l'appellation de<br />

« Sion » avait été choisie, tous ses citoyens auraient été des « Sionistes<br />

». Le premier cas de figure aurait porté préjudice à la définition<br />

religieuse des croyants <strong>juif</strong>s dans <strong>le</strong> monde, alors que <strong>le</strong>s<br />

Arabes, en revanche, seraient devenus des citoyens <strong>juif</strong>s à part<br />

entière (comme Ber Borokhov et <strong>le</strong> jeune Ben Gourion l'avaient<br />

imaginé en <strong>le</strong>ur temps). Dans <strong>le</strong> second cas de figure, <strong>le</strong> mouvement<br />

sioniste mondial aurait probab<strong>le</strong>ment été obligé de s'effacer<br />

devant la mise en œuvre de la souveraineté, et <strong>le</strong>s habitants arabes<br />

auraient été désignés sur <strong>le</strong>ur passeport comme des citoyens sionistes.<br />

Il n'y avait donc pas <strong>le</strong> choix, et l'État reçut fina<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nom<br />

d'« Israël ». Depuis lors, tous ses citoyens, qu'ils soient ou non<br />

considérés comme <strong>juif</strong>s, sont devenus des Israéliens. On verra par<br />

la suite qu'Israël ne se contenta pas de l'existence d'une hégémonie<br />

juive, qui s'exprime à travers son drapeau, son hymne ou ses<br />

symbo<strong>le</strong>s étatiques. Il refusa, en raison de son caractère national

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