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revue finissante - Les âmes d'Atala

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doigts même suffi sent. Ne pas pouvoir parler. Encore moins crier. Pas<br />

de protestation possible. Te voilà tout-puissant, heureux de l’être tout<br />

autant qu’effrayé par ce pouvoir absolu.<br />

Quelques secondes sans air. La réserve d’oxygène inaccessible.<br />

<strong>Les</strong> poumons rendus inutiles. L’irrigation du cerveau suspendue.<br />

L’impression confuse d’un fourmillement qui se propage à travers<br />

tout le corps jusqu’à ce que l’esprit s’échappe. Quelques secondes<br />

interminables. Un temps infi ni que je savoure sans impatience. Pourvu<br />

qu’il en reste la trace. Pourvu que la peau n’oublie rien. Que je puisse<br />

l’admirer longuement dans une glace après ton départ et reposer mes<br />

mains sur les empreintes des tiennes, là, où la chair est rouge et plus<br />

vivante que partout ailleurs.<br />

Après quelques poignées de secondes, une éternité, il te semble que<br />

ton œuvre est achevée. Tu desserres lentement l’étreinte sans relâcher<br />

ta proie. Surtout ne pas la relâcher. Juste lui laisser le temps d’aspirer<br />

une bouffée d’air avant de reprendre ce cou en main. De tout ton poids<br />

basculé sur ces deux doigts tu me fais ressentir l’étendue de ton pouvoir.<br />

A nouveau comprimer. Plus fort encore, des fois que la colonne d’air se<br />

serait habituée à fonctionner à vide. Serrer plus fort, desserrer à peine<br />

pour mieux saisir la chair et de nouveau tordre le cou à la bienséance<br />

amoureuse. Des gestes les plus violents faire les plus passionnés.<br />

Tu attends le retour à la normale, une respiration presque calme et tous<br />

les esprits rassemblés. Tes va-et-vient se font plus onduleux comme<br />

pour te faire pardonner. Tu couvres de baisers ce cou torturé, pour<br />

effacer la trace de ta cruauté. Elle ne s’effacera pas. Jamais. Chaque jour<br />

je raviverai la plaie que tu m’auras laissée et la comblerai des souvenirs<br />

de nos nuits partagées . Je porterai en moi l’empreinte de ton emprise.<br />

Cachée par des cols roulés, de larges colliers ou des cheveux défaits, la<br />

trace de ta domination sautera pourtant aux yeux de tous. Plus que mon<br />

cou c’est moi, toute entière, qui suis estampillée comme l’objet de ton<br />

adoration et de ta férocité.<br />

Une fi erté indicible que d’être à toi. De savoir que tu n’étouffes pas<br />

d’autres fi lles et que tu les baises comme ton voisin baise sa femme.<br />

Distraitement, tendrement. J’ai pour moi seule l’exclusivité du geste<br />

et la force de sa signifi cation. Tu n’oseras pas même en dire un mot à<br />

quiconque et encore moins tenter de serrer d’autres cous. Des caresses<br />

que tu leur accordes aucune ne pourra être plus douce que tes mains me<br />

sont dévouées.<br />

La violence de ton désir t’effraie : jamais ton envie de posséder ne<br />

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