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revue finissante - Les âmes d'Atala

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Claude Izner et les mystères parisiens<br />

une vie un peu «en dehors», pour employer l’expression<br />

de Zo d’Axa. Si Victor était né dans un milieu plus<br />

populaire, peut-être serait-il devenu libertaire lui aussi.<br />

Nous essayons de construire des personnages qui ne<br />

soient pas trop anachroniques, ce qui fait de Victor un<br />

homme épris d’ordre, non pas tant un justicier qu’un<br />

pourchasseur d’énigmes. Quant à Daglan, il exprime la<br />

part de révolte personnelle que nous éprouvons parfois,<br />

mais je m’empresse de préciser que nous n’avons jamais<br />

été tentées par la reprise individuelle ! Il n’est d’ailleurs<br />

lui non plus pas entièrement sympathique, car ses<br />

motivations sont vénales, et non politiques. En résumé, je<br />

vous dirais que si nous avions écrit cette série quand nous<br />

étions jeunes, nous y aurions injecté un ton triomphaliste<br />

qui n’est plus le nôtre : nous sommes un peu désabusées,<br />

comme beaucoup de gens de notre génération. Nos<br />

histoires s’en ressentent, mais, comme on ne renie pas<br />

ses premières amours, nous continuons à nous intéresser<br />

beaucoup à la peinture sociale de cette fi n-de-siècle.<br />

Seulement notre optique est plus individualiste. Et puis<br />

nous n’oublions pas qu’en tant que lectrices, nous aimons<br />

les héros dont le caractère agace - du genre d’Hercule<br />

Poirot, ce belge xénophobe, de Sherlock Holmes, cet<br />

anglais pontifi ant et cocaïnomane, etc... Ah, au fait :<br />

nous avons très peu lu l’œuvre de Maurice Leblanc, alors<br />

Arsène Lupin, oui, mais pour une faible part, plutôt son<br />

modèle, Jacob, et les vrais anarchistes des années 1890,<br />

comme proches parents de Daglan. Je n’ai pas votre talent<br />

pour disserter à propose du roman policier comme agent<br />

de cohésion et de régulation sociale. Une de nos amis dit<br />

que les crimes représentent le chaos, et que l’enquêteur<br />

est celui qui ramène l’ordre. Peut-être est-ce vrai. Je crois<br />

aussi que, tout simplement, cet engouement du public - et<br />

des auteurs - est lié au fait que les romans policiers, aussi<br />

violents soient-ils, mais pour notre part nous ne prisons<br />

guère les étripaillages - sont un espace ludique. Il s’agit<br />

de suivre un fi l rouge qui vous mène très loin de votre<br />

univers quotidien et, pendant le temps de la lecture, vous<br />

rend amnésique à tous vos soucis. <strong>Les</strong> écrivains ( pas<br />

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