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revue finissante - Les âmes d'Atala

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Nietzsche et la modernité décadente<br />

faire valoir une morale dont il a lui-même coupé le lien qui, la reliant<br />

à une conception déterminée de l’existence, lui donnait sens et valeur ?<br />

Comment pardonner à cet homme le fait de promouvoir les valeurs de<br />

négation de la vie alors même que celles-ci n’ont même plus pour lui<br />

l’innocence de la morbidité inconsciente qu’elles pouvaient revêtir pour<br />

les premiers chrétiens ?<br />

Notre époque est consciente… Ce qui, autrefois, était simplement<br />

morbide, est devenu maintenant indécent : il est indécent d’être<br />

chrétien de nos jours. Et c’est là que commence mon dégoût<br />

[…] Quel monstre de fausseté faut-il que l’homme moderne soit,<br />

pour ne pas avoir honte […] de se dire encore chrétien ! 42<br />

En outre, cette adhésion aux valeurs inversées, pour logique qu’elle<br />

semble être étant donnée la répulsion moderne pour la force et la<br />

douleur, n’en n’est pas moins cause de souffrances psychologiques<br />

supplémentaires :<br />

Nous, hommes modernes, nous sommes les héritiers d’une<br />

vivisection de la conscience, d’une torture de soi qui a duré<br />

des millénaires : c’est à cela que nous nous sommes le plus<br />

longtemps exercés, c’est en cela, que nous sommes sans doute<br />

passés maîtres, en tout cas c’est notre raffi nement, la perversion<br />

de notre goût. Trop longtemps l’homme a considéré ses<br />

penchants naturel d’un « mauvais œil », si bien qu’ils ont fi ni<br />

par se lier intimement en lui avec la « mauvaise conscience » 43<br />

Si l’homme d’aujourd’hui a totalement intégré des valeurs se<br />

trouvant de fait en contradiction avec les intérêts de la vie elle-même,<br />

il n’en demeure pas moins que subsiste en lui, pour ainsi dire à son<br />

corps défendant et cela, précisément dans la mesure où il est un corps,<br />

un organisme vivant et non simplement un pur esprit, des instincts de<br />

vie qui ne s’accordent nullement avec la morale qu’il a faite sienne.<br />

Qu’il le veuille ou non, l’homme moderne reste un être vivant, soumis<br />

aux pulsions, aux instincts de vie qui travaillent de l’intérieur tout<br />

organisme vivant. Il se trouve de ce fait taraudé par ses propres instincts<br />

(instincts de destruction, d’assimilation, etc.) lesquels, ne pouvant plus<br />

s’extérioriser sous le poids des valeurs morales intégrées, se retournent<br />

contre celui-là même qui les incarne, formant ainsi ce que Nietzsche<br />

appelle sa « mauvaise conscience » (« schlechten Gewissen » 44 ).<br />

Homme faible, ayant peur des souffrances qu’implique toute<br />

existence et fi nissant de ce fait par haïr la vie elle-même, souffrant<br />

intérieurement du hiatus qu’implique cette haine de la vie avec les<br />

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