revue finissante - Les âmes d'Atala
revue finissante - Les âmes d'Atala
revue finissante - Les âmes d'Atala
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Entretien<br />
ici aux réfl exions que nous faisions précédemment<br />
concernant les différentes approches de la littérature<br />
policière, sont des modèles du citoyenisme dont l’idéal<br />
serait de transformer chaque individu en fl ic, du moins<br />
en balance. La limite est ténue entre les premiers romans<br />
où notre personnage de libraire-détective résout des<br />
affaires le concernant et en se passant du concours de la<br />
bleusaille, et les suivants où il se dresse en justicier ou en<br />
citoyen modèle, s’occupant en somme d’affaires qui ne le<br />
concernent nullement. C’est particulièrement clair dans Le<br />
Léopard des Batignolles dans lequel l’aventureux libraire<br />
de l’Elzevir sabote « l’apothéose de la vengeance » d’un<br />
ancien communard . Par ailleurs, dans ce même roman<br />
la sympathie pour la fi gure solaire de l’anarchiste<br />
individualiste, tout à fait dans le ton de l’époque soit dit<br />
en passant (et que nous retrouvons par exemple de nos<br />
jours à travers les adaptations cinématographiques de <strong>Les</strong><br />
Brigades du tigre ou de V pour Vendetta) concourt à la<br />
complexité du personnage puisqu’il laisse s’enfuir cet<br />
épigone du « surhomme » (Nietzsche ici me maudirait, «<br />
son passif de voleur lui conseille de prendre le large. Ce<br />
gaillard m’est sympathique, j’espère qu’il s’en tirera »)<br />
alors qu’il fait tomber cet épris de vengeance qu’est le<br />
malheureux Pierre Andrésy. Pourquoi lui et pas l’autre,<br />
ou plutôt aucun ? La question n’attend aucune réponse.<br />
Par contre, j’aimerai savoir sur quel modèle vous avez<br />
construit ce personnage de Daglan, qui joue un rôle<br />
important dans ce cinquième roman, largement consacré<br />
à l’intervention des anarchistes dans l’imaginaire de la<br />
société fi n-de-siècle ? D’autre part, et je l’écris parce<br />
qu’il me semble que ce n’est pas très éloigné de nos<br />
préoccupations, la représentation du crime dans la<br />
littérature policière aurait un rôle de régulation sociale<br />
au sein de la société. Durkheim ne dit pas autre chose<br />
dans les Règles de la méthode sociologique. Selon lui,<br />
le mécanisme d’identifi cation aux victimes prises au sens<br />
large, (aussi peut-on dire de même du roman d’apaches ou<br />
de ces récits où le dit « criminel » est présenté comme la<br />
victime d’abord de la société, puis des fl ics), permettrait<br />
84