revue finissante - Les âmes d'Atala

Claude Izner et les mystères parisiens
d’agréger l’ensemble de la communauté autour d’elles
dans un repli de type communautaire. En représentant
les crimes les plus odieux qui secouent notre quotidien,
l’écrivain illustre les failles et les dysfonctionnements de
la société, mais aussi et surtout permet la cohésion sociale
en rappelant à chacun sa participation et son appartenance
à une communauté, de la même manière qu’il rappelle
de manière très effi cace ses normes et ses valeurs que
promeuvent ou défendent journaux et romans. Le roman
à énigme nourrit la même idée à travers notamment sa
fi liation avec Jack l’éventreur à qui vous faites référence
dans un de vos romans. Le roman policier qui demande
que soit élucidé une énigme comme on recolle les pièces
d’un puzzle renvoie indubitablement aux affaires de corps
mutilés, de cadavres de femmes taillées en pièce ou de
têtes coupées qu’il convient de reconstituer. Les messages
et indices laissés par les assassins sont des provocations
pour les enquêteurs puisqu’ils se jouent d’eux et de leur
impuissance d’élucidation, mais aussi parce qu’ils font
échos au morcellement des corps qu’ils pratiquent. La
fonction de l’enquête serait donc de constituer le corps
du récit en même temps que de reconstituer le corps des
victimes en retraçant l’histoire de leur démembrement.
Sur un plan symbolique, la représentation du crime
permettrait, face aux malaises et aux dysfonctionnements
de la société, de restructurer le tissu social. Une explication
comme une autre à cet engouement populaire pour la
morgue (auquel vous faites référence) où les familles
des victimes déambulent afi n de reconstituer l’identité
des victimes au milieu d’une foule de badauds en quête
de sensations fortes. Bref, je m’étale : si la littérature
(policière, mais aussi romanesque) est bien un agent
de cohésion et de régulation sociale comme l’affi rme
Durkheim, on pourrait alors comprendre que d’aucuns
veuillent la fi n de celle-ci ; nous laissons à chacun le loisir
d’en penser ce qu’il veut…
Laurence : En ce qui concerne le gauchisme, Liliane
et moi nous y sommes frottées (sans d’ailleurs être
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