revue finissante - Les âmes d'Atala
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Entretien<br />
seulement ceux de polars ) affi rment souvent qu’écrire<br />
est une sorte de drogue douce, car eux aussi ont besoin<br />
d’évasion. Je crois que c’est vrai aussi de la littérature<br />
fantastique et de S.F. ( genres qui nous ont aussi tentées,<br />
du temps que nous nous consacrions à la jeunesse). La<br />
fonction de l’enquête, en ce qui nous concerne, c’est pour<br />
beaucoup l’obligation de structurer un récit, de construire<br />
une charpente, sinon nos histoires partiraient dans tous<br />
les sens (et même ainsi elles ont tendance à le faire, mais<br />
c’est aussi parce que nous sommes deux à nous exprimer,<br />
et que nous fonçons dans la dimension romanesque avec<br />
nos rêves et nos jubilations puissance deux). Enfi n,<br />
un aveu : nous sommes deux timorées, aussi jamais<br />
n’aurions-nous l’envie ni le courage de nous mêler de<br />
résoudre des énigmes criminelles à l’instar de Victor et de<br />
Joseph ! Ecrire, c’est aussi ça : inventer des personnages<br />
qui osent faire tout ce que les auteurs ne feraient pour rien<br />
au monde !<br />
[Amer] : <strong>Les</strong> enquêtes de Victor Legris ne sont pas des<br />
romans d’histoire littéraire, même si, nous l’avons vu,<br />
les problématiques liées au développement du roman<br />
policier et à l’attrait du public pour les faits divers sont<br />
présentes dans l’ensemble de la série. Néanmoins, un<br />
personnage a particulièrement attiré notre attention,<br />
puisqu’il est présent dans chaque volume et semble en<br />
quelque sorte faire partie des proches de la librairie : il<br />
s’agit d’Anatole France. Pourquoi l’avoir choisi lui ? Estce<br />
un hommage rendu à cet amoureux des quais, celui qui<br />
écrivait : « O vieux juifs sordides de la rue du Cherche-<br />
Midi , naïfs bouquinistes des quais, mes maîtres, que je<br />
vous dois de reconnaissance ! Autant et mieux que les<br />
professeurs de l’Université, vous avez fait mon éducation<br />
intellectuelle, braves gens, qui avez étalé devant mes<br />
yeux ravis les formes mystérieuses de la vie passée et<br />
toute sorte de monuments précieux de la pensée humaine.<br />
C’est en furetant dans vos boites, c’est en contemplant<br />
vos poudreux étalages, chargés de pauvres reliques que<br />
nos pères et de leurs belles pensées, que je me pénétrai<br />
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