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revue finissante - Les âmes d'Atala

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L’enfant<br />

leurs instincts sont différents.<br />

Oh ! les sens ! Si vous saviez quelle puissance ils ont. <strong>Les</strong><br />

sens qui nous tiennent haletants pendant des nuits entières,<br />

la peau chaude, le coeur précipité, l’esprit harcelé de<br />

visions affolantes ! Voyez-vous, madame, les gens à<br />

principes sont tout simplement des gens froids,<br />

désespérément jaloux des autres, sans le savoir.<br />

Écoutez-moi :<br />

«Celle que j’appellerai Mme Hélène avait des sens. Elle<br />

les avait eus dès sa petite enfance. Chez elle Ils s’étaient<br />

éveillés alors que la parole commence. Vous me direz que<br />

c’était une malade. Pourquoi ? N’êtes-vous pas plutôt des<br />

affaiblis ? On me consulta lorsqu’elle avait douze ans. Je<br />

constatai qu’elle était femme déjà et harcelée sans repos<br />

par des désirs d’amour. Rien qu’à la voir on le sentait. Elle<br />

avait des lèvres grasses, retournées, ouvertes comme des<br />

fl eurs, un cou fort, une peau chaude, un nez large, un peu<br />

ouvert et palpitant, de grands yeux clairs dont le regard<br />

allumait les hommes.<br />

Qui donc aurait pu calmer le sang de cette bête ardente ?<br />

Elle passait des nuits à pleurer sans cause. Elle souffrait à<br />

mourir de rester sans mâle.<br />

A quinze ans, enfi n, on la maria. Deux ans plus tard, son<br />

mari mourait poitrinaire. Elle l’avait épuisé. Un autre en<br />

dix-huit mois eut le même sort. Le troisième résista trois<br />

ans, puis la quitta. Il était temps.<br />

Demeurée seule, elle voulut rester sage. Elle avait tous<br />

vos préjugés. Un jour enfi n elle m’appela, ayant des crises<br />

nerveuses qui l’inquiétaient. Je reconnus immédiatement<br />

qu’elle allait mourir de son veuvage. Je le lui dis. C’était<br />

une honnête femme, madame ; malgré les tortures qu’elle<br />

endurait, elle ne voulut pas suivre mon conseil de prendre<br />

un amant.<br />

Dans le pays on la disait folle. Elle sortait la nuit et faisait<br />

des courses désordonnées pour affaiblir son corps révolté.<br />

Puis elle tombait en des syncopes que suivaient des<br />

spasmes effrayants.<br />

Elle vivait seule en son château proche du château de sa<br />

mère et de ceux de ses parents. Je l’allais voir de temps en<br />

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