revue finissante - Les âmes d'Atala

Entretien
l’est-il assez pour cela ? J’en doute – et tâchons de ne
pas vous décevoir : j’avoue tout, Anatole France nous
a amusées, mais nous lui serons peut-être infi dèles et,
selon les nécessités des futures intrigues, et surtout
nos capacités littéraires, nous efforcerons d’introduire
d’autres écrivains dans les parages de la librairie Elzévir.
[Amer] : Pagès remarque qu’on ne trouve jamais de
Gourmont sur les quais : « le plaisir intellectuel, écrit-il,
qu’on goûte en ses livres est d’une qualité si précieuse
et si rare qu’on veut garder près de soi les sources où
il s’alimente. Remy de Gourmont ne peut se lire ni «
en diagonale » ni en autobus. Il y faut du calme et de
l’attention ». Vous devez en savoir quelque chose puisque
vous et votre sœur avez été ou êtes encore, vous allez nous
le dire, bouquinistes sur les quais. Y-a-t-il des auteurs,
comme semble le dire Pagès, que tout le monde recherche,
mais que personne ne trouve jamais, les fameux livres
rares ou les curiosas de dessous de boites ? A ce propos
d’ailleurs, dans le Chat de misère, Gourmont lui-même,
semble le contredire puisqu’il nous dit qu’en fl ânant, on
trouve des merveilles « sur les quais (où on ne trouve plus
rien, disent ceux qui savent chercher, mais qui ne savent
pas trouver) » : en l’occurrence, « De l’abus des nudités de
gorge, qui insinue que les femmes montrent trop de leur
peau, et l’Apothéose du beau sexe, qui est d’avis qu’elles
n’en montrent pas assez ». Le secret, d’ailleurs, est peutêtre
là : non pas savoir dévoiler ou dérober au regard,
quoique, mais ne jamais chercher ce qu’on recherche :
une (anti) philosophie de vie si j’ose dire... En tous cas,
Gourmont connaissait les quais, comme nous le confi rme
Cendrars. Il ajoute même qu’il avait inventorié chaque
boîte des bouquinistes. Dans un site consacré à Remy
de Gourmont, nous sommes tombés sur cette citation
tirée de L’homme des Bloy, où , citant un article de Louis
Laloy dans Ere Nouvelle, nous trouvons écrit : « Remy
de Gourmont n’a jamais gardé un étalage. En termes de
métier, c’était un « chineur », c’est-à-dire un revendeur. «
C’est après sa révocation de la Bibliothèque nationale qu’il
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