revue finissante - Les âmes d'Atala
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La fin du monde<br />
Camille Flammarion<br />
Il est probable que notre planète périra par le froid. S’il évitait cette<br />
destinée, une condamnation du même ordre le poursuivrait au-delà des<br />
siècles, car toute la vie terrestre est suspendue aux rayons du soleil, et<br />
notre beau et bon soleil ne brille que pour s’éteindre dans un avenir que<br />
l’astronomie prévoit déjà, et qui ne semble pas devoir dépasser vingtcinq<br />
ou trente millions d’années.<br />
La Terre ne sera plus qu’un morne cimetière roulant silencieusement<br />
autour d’un astre rougeâtre. La dernière famille humaine se sera éteinte<br />
dans une zone équatoriale devenue glaciale à son tour. Un monument<br />
funèbre pourrait porter la dernière épitaphe de l’humanité : « Ci-gisent<br />
toutes les conquêtes de l’ambition, tous les lauriers de la gloire, tous<br />
les serments des mortelles amours. » Mais nulle pierre mortuaire<br />
ne marquera la place où ce sera exhalé le dernier soupir de la race<br />
humaine.<br />
Et le soleil achèvera de s’éteindre. Et notre planète défunte continuera<br />
de tourner, boulet noir, autour d’un autre boulet noir. Mais dans vingt,<br />
trente, cent millions d’années, l’univers marchera comme il y a vingt<br />
trente, cent millions d’années, il marchait déjà comme aujourd’hui.<br />
L’avenir de l’univers, c’est son passé. Il ne peut y avoir ni fi n, ni<br />
commencement.<br />
La nature tient perpétuellement en réserve une force inépuisable de<br />
résurrection. Tout change, tout se transforme, mais rien n’est détruit. <strong>Les</strong><br />
soleils et les mondes renaissent de leurs cendres. La vie est éternelle.<br />
5<br />
Je sais tout, Janvier 1905, p. 63.